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FP n° 42 - L'Hôtel de Libreville - Mylan
Musique d'ambiance
FUTUR PROCHE n° 42
L'Hôtel de Libreville - Mylan
Le voyage en avion, le saut dans l'inconnu ramenaient Mylan à des vérités essentielles enfouies en elle.
Véritable tsunami d'émotions qui la clouait sur le lit dans des questionnements angoissés... qu'elle ne pouvait plus fuir... Comme piégée par la réalité !
Tout ce qu'elle avait obstinément refoulé, années après années, resurgissait avec une violence inouïe, avec rage...
Un optimisme délirant l'avait soutenue jusqu'alors... l'avait déterminée à vivre encore de cette passion qui ne l'avait jamais quittée... Et Mylan entrevoyait désormais combien sa démarche de retrouver Dérik était absurde, combien cette démarche courrait à l'échec...
Lilou
Elle ne comprenait pas pourquoi la présence de la jeune espagnole au visage de madone l'avait à ce point rejetée dans une position inconfortable de femme délaissée, abandonnée... ce qu'elle ne supportait pas, ce qu'elle n'acceptait pas...
C'était comme la marque d'un fer rouge dans sa chair !
Dérik
L'apparition incroyable de l'hologramme de Dérik (clic) au cours d'un reportage à la Télé l'avait renvoyée de la façon la plus cuisante dans son passé qu'elle remâchait depuis inlassablement...
L'amour ne serait-il qu'une empreinte d'orgueil ? Vanité que cette palpitation du coeur, ces soupirs, ces baisers, cette sombre ardeur dévorant la chair... ?
Le soleil ardent qui irradiait dans la chambre malgré l'auvent et le tunnel de verdure de la terrasse inondait également son esprit de sa lumière crue, impitoyable...
Une atmosphère de sorcellerie se dégageait de cet Hôtel... Les masques noirs grimaçants semblaient la fixer étrangement de leurs yeux vides, de leurs yeux morts... Elle frissonna... Ils étaient comme miroir de ses noires angoisses d'étrangère à elle-même... Auraient ils le pouvoir de transformer sa vie dans ce monde obscur dont ils étaient le reflet ?
Une onde froide traversa son corps qui s'accrut d'un subit sentiment d'impuissance...
La chambre était pourtant spacieuse... Les couleurs vives des tableaux exotiques donnaient vie au gris neutre des murs... Le chuintement du climatiseur chuchotait une brise froide....
L'eau de la douche avait été une bénédiction pour son corps assoiffé.... ce que n'apportait plus l'actuel "caisson d'hygiène corporelle" à air pulsé et micro-vibrations (clic)... qui devenait l'élément incontournable des Tours connectées dans toutes les Villes de la Planète...
Par quelle magie cet Hôtel avait-il encore l'autorisation d'utiliser l'eau à volonté, denrée de luxe si rare de part le monde depuis la fonte des glaces polaires, alors que le dessalement de l'eau de mer et les diverses technologies de pointe permettaient tout juste d'assurer une gestion rationnelle de cette ressource vitale ?
Le monde était sous stress hydrique, et de graves problèmes de ravitaillement en eau pesaient lourdement pour une grande partie des régions arides et semi-arides depuis 2030...
Mylan, l'esprit un instant distrait par ce problème qui préoccupait tout le monde, se sentit soudain accablée par ce gaspillage sans vergogne de l'eau dans cet Hôtel...
Puis ses tourments, tapis dans un coin de son cerveau pendant cette poussée d'adrénaline, revinrent se fracasser en masse dans son esprit....
Comment parler avec des mots de ces mystères de l'âme ? Elle était si seule sur la rive... Il ne pensait plus à elle... Solitude immense de le savoir entre les bras d'une femme si belle aux yeux brûlants, offerte toute entière, son corps, ses seins, son sourire, ses paroles d'amour...
Le départ mystérieux de Dérik (clic) qu'elle avait subi comme une lâche défection, un insupportable abandon, l'avait jetée dans des bras sans passion qui ternissaient sa virginité de femme seule..
Elle s'était ennuyée de baisers et de caresses dérisoires sur lesquels se râpait le coeur.... Tristesse de la chair qui ne fondait plus en délices....
Larges cicatrices du coeur qui laissaient solitaire ! Et tous ces amis qui s'étaient éloignés au fil des années, étrangers à ses difficultés...
Tous ces noeuds qu'elle avait tissé autour de Dérik l'avaient attachée à lui d'une manière indéfectible...
Les mots murmurés s'inscrivaient et s'enregistraient dans la Tablette dans des océans de colère et de rage... l'amour se brisait dans un délire de mots désabusés...
Mots baillant d'ennui d'un quotidien navré d'amertume.... dont elle avait honte. Elle se sentait comme une chose vide jetée dans l'abîme d'un avenir sans joie par une main invisible....
Elle tourna le dos aux yeux morts des masques grimaçants, fixant la lumière crue des baies aux rideaux ouverts... les paupières gonflées de pleurs contenus.
Le climatiseur déroulait sa chanson glacée dans le long après-midi enfermé entre des murs gris balafrés par les couleurs criardes de ces tableaux africains qui vous exilaient sur des terres étrangères inconnues où se bousculaient les mots, les regrets, les événements heureux, les souvenirs tristes...
Un Amour qui s'était enivré de gloire l'avait laissée seule sur des rivages d'agonie sur lesquels se fracassait son âme... Un Amour si beau, si sincère dont elle avait été si fière...
Cet Amour allait-il mourir dans les bois touffus d'une jungle hostile au bout du voyage ?
Dans son silence circulaient les mots... Les mots qui s'accumulaient sur la Tablette... Catlin vivait mal son silence, elle le savait..
Mais ses mots avaient besoin d'un vrai temps de réflexion... Il valait mieux se taire, pour qu'ils deviennent audibles. La vraie parole n'a rien à voir avec le bruit du bavardage...
Il faut d'abord un silence pour que s'élaborent les mots... Le silence est la dernière demeure des mots !
Ce soir, elle donnera sa Tablette à Catlin ! Peut être ! Elle ne savait plus !
Mylan se sentait injuste sans en comprendre encore les raisons... N'était elle pas comme une enfant ingrate qui quémandait toujours des choses impossibles à satisfaire ? N'avait-elle pas contribué en partie à l'éclatement de son couple fragile ?
Elle avait été très contrariée de voir Catlin lui imposer un voyage d'agrément tout en comprenant fort bien son amie qui rêvait de retrouver sa patrie d'origine par son père... Il est vrai que toute l'organisation de Catlin, qui finançait le voyage via ses parents, était alléchante...
Mylan lui en était fort reconnaissante, mais au fond d'elle, elle lui en voulait ! Sa dynamique et insouciante amie pour qui les choses de l'amour n'étaient que bagatelles d'une nuit, ne pouvait comprendre ses tourments intérieurs... Catlin ne percevait qu'une version déshabillée des choses ! De quoi se nourrissaient donc ses rêves les plus fous ?
Dans cette Société artificielle, abâtardie, les choses mauvaises étaient comme des signes d'émancipation... La noblesse d'âme, la gentillesse, la générosité, la gratitude... étaient considérées, avec méfiance, comme signes de faiblesse... La vie sociale, manipulée par les Assistants Personnels, s'étiolait en sourires forcés ... Une chance que son bot, Do-Mi, était au bout du rouleau... et lui laissait une paix relative...
Son âme la poussait à la gratitude... et au pardon ! Il était nécessaire de pardonner à sa tendre amie Catlin sa légèreté habituelle ! Sa petite voix intérieure, respiration de l'âme, l'enseignait doucement dans les zones d'ombres qui traversaient sa vie actuellement... Parfois, les humains passaient à côté des joies les plus profondes....
Elle pensa soudain à Juan Diego, rencontré à Notre Dame de Guadalupe (clic) (Mexico),
cet Être exceptionnel qui "était venu du Paradis d'auprès de sa Dame pour les éclairer, Catlin et elle... affirmait qu'il se trouvait au plus profond de leur coeur..."
Comment avait elle pu l'oublier ! Fascinée, elle comprit qu'il venait la réconforter dans sa détresse...
Mais peut être que Juan Diego l'avait amenée tout doucement à envisager ce voyage vers Dérik pour régler un de ces problèmes intérieurs qui pourrissaient sa vie ??? qui l'empêchaient de progresser vers cette Vérité dont elle avait tant besoin ?
Elle avait eu la certitude là-bas qu'elle avait à vivre quelque chose d'essentielle avec cet Être du Ciel... Juan Diego...
Une Force prodigieuse entra en elle... Image puissante de cette Dame qui balayait les idoles de tous les peuples...
Cette Dame portant en son sein l'Enfant-Roi qui avait toutes capacités de régénérer le Monde... Cet Enfant de Lumière au Centre de toutes choses qui ouvrait les Portes du Paradis... et qui prônait un monde d'amour, source d'intarissables joies...
"Le Ciel est en toi" lui souffla Juan Diego.... "Mais il te faudra le désir de t'y rendre... Cherche, Mylan, et tu trouveras ...."
"N'oublie pas que ma Dame est venue parmi vous avec les paroles d'une Mère pour ses enfants...
"
"Elle vient combattre en toi, avec toi, tout ce qui réduit ta raison d'être...."Les coeurs sont secs, Mylan, ils maudissent ce qu'ils devraient bénir.... Bénie tout, ne te lasse de rien...
"Ta bouche a été bâillonnée pour t'empêcher de troubler ton amie avec tes divagations...Le sens-tu ? Il ne faut pas briser le roseau fragile...
"Garde pour toi ton trouble intérieur... Il est passager ! Pourquoi t'empêtrer dans des regrets stériles... Ma Dame peut tout demander à son Fils Bien-aimé, dans les limites de ce que tu lui autorises... tout simplement !
"N'oublie jamais l'Enfant-Roi, Source intarissable d'Amour, de Lumière et de Joie....
"Cherche- Le ! Tu sais, la Joie s'accueille avec un coeur d'enfant... Ne sois plus comme une enfant gâtée qui refuse de s'émerveiller avec Lui de toutes les Grâces que tu reçois sans cesse
"Mylan, il faut toujours se réjouir du bonheur d'autrui... sans l'ombre de la moindre jalousie !
"Entends-tu ? Sois confiante en l'Amour : avec Lui, tu trouveras le Chemin de ton coeur ! Et tu verras, tu seras éblouie !"
Mylan, enfin, sanglotait et s'agrippa à l'espoir ! Son coeur s'ouvrit tout grand à la Grâce reçue et balbutia des remerciements... mais son coeur serré comprit le message... Elle sût qu'elle devait aller jusqu'au bout du chemin vers Dérik et enfin, se faire pardonner, pardonner, se pardonner et faire la paix avec lui. Alors seulement le lien de fer qui la liait avec lui ne sera plus... Seule la Tendresse subsistera !
Ainsi, ce tourment diabolique qui la maintenait dans la désespérance s'appelait "Jalousie" ? Ce n'était qu'une vulgaire jalousie ?
Maintenant, elle pouvait suivre le chemin des écoliers dont rêvait Catlin... Il allait falloir se reprendre sans cesse pour ne plus montrer grise mine... même si le coeur aura des journées noires...
La lumière désormais jetaient des lueurs vertes aquatiques sur les baies... Elle chuta dans le sommeil en rêvant de roses qui couvraient son lit...
Catlin, levée depuis bien longtemps, s'inquiétait ! Elle finit par toquer doucement à la porte de la chambre de Mylan... Son amie lui cria enfin : "Entre, Catlin"...
Avec stupéfaction, Catlin reçut le radieux sourire de Mylan encore toute barbouillée de sommeil comme un cadeau magnifique ! Une rose était posée sur le dessus de lit à la hauteur de ses genoux ...
Presque sans surprise, mais avec une joie immense, Mylan aperçut également la rose, qu'elle prit avec vénération... C'était une rose sans épines qui embaumait la chambre... Sans épines ! Les épines symbolisent les soucis, les tracas, les pépins de la vie... Le message était clair !
"C'est Juan Diego qui est venu me rendre visite" murmura t-elle ...
Catlin dut s'asseoir brusquement dans un des fauteuils de la chambre ! Elle mit du temps à réaliser l'indicible... Mylan, illuminée, semblait être transportée dans un ailleurs merveilleux....
Elle lui tendit les bras et Catlin, profondément soulagée, réconfortée, s'y précipita avec une tendresse qui la bouleversa...
Luciole
A SUIVRE....
2640 pages lues 80-/03/2019
Tags : Libreville, Gabon, Mylan, Silence, Angoisse, Abandon, lSolitude, Jalousie, les Mots, Gratitude, Pardon Juan Diego, ND de Guadalupe, masques, eau, so
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Commentaires
J'ai pris un plaisir immense à lire ton chapitre Luciole.
On ne peut qu'être emportés par les sentiments de Mylan qui remue tant de choses profondes et ardentes dans son coeur et sa tête.
Les émotions, les ressentis, les failles émotionnelles font de nous, humains, des êtres pleins de beauté dans notre fragilité. C'est beau de pouvoir ressentir même si ça fait mal!
Et même au futur, je suis persuadée qu'on ne pourra jamais contraindre le coeur à se fermer ou à se durcir comme un rocher.
Un texte très poignant, merci à toi. J'aime beaucoup la description de l'hôtel et ce décor de masques fascinants... des visages magiques...
Gros bisous et bon dimanche
Cendrine
Une petite image qui m'a fait penser à Mylan et à ce qu'elle ressent, juste mon ressenti à moi, humblement
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Dimanche 10 Mars à 17:57
Je viens de rentrer, et ton commentaire me touche profondément, Cendrine... Je connais ta belle disposition pour l'écriture et te lire chez toi est tjrs magique... Alors tes ressentis, tes conseils sont tjrs les bienvenus...
Les personnes qui se ferment et ont "un coeur dur", ou se veulent "un coeur dur comme pierre" cachent tjrs un étonnante sensibilité qu'ils conçoivent comme une faille dangereuse... dont il faut se méfier.... La cause est souvent une question d'éducation...
Merci bcp, Cendrine, et bonne semaine à toi.
Je t'embrasse fort ainsi que ton gentil mari
L'image est magnifique et très évocatrice, en effet !La robe rouge passion comme un coucher de soleil, la lanterne (éclairer sa lanterne) qui éclaire une brume légère dans laquelle volettent des oiseaux (messagers du ciel), le renouveau printanier des jonquilles, la fraîcheur mentholée des fougères éternelles, la beauté éphémère du papillon (symbole de métamorphose, de résurrection, de vie nouvelle), quelques larmes vivifiantes car l'eau engendre la vie.... Est-ce une Création de ta part ? Sinon, elle convient à merveille...
Merci bcp !
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tu as raison ces vues sont magnifiques, mais hélas pas de moi....je le regrette, v=car dès que je suis en avion c'est ce que j'aime faire des clichés quand nous ne sommes pas au dessus de l'eau bien sûr.....douce journée
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Dimanche 10 Mars à 17:46
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pour ma part, la lecture de ta page se fera tranquilou cet après midi....pour l'instant les petits déjeuners vont se faire alors je dois faire vite....(lol) passe un bien doux vendredi
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Dimanche 10 Mars à 17:44
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J'aime bien cette phrase"Le silence est la dernière demeure des mots !"
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Jeudi 7 Mars à 20:33
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J'ai moi aussi beaucoup de plaisir à te lire Luciole. Merci à toi pour tes jolis partages.
Bonne fin de semaine, bisous et à bientôt.
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Jeudi 7 Mars à 16:49
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L'apaisement vient après la tourmente. Finalement,ce voyage en Afrique avec son amie lui a été bénéfique.
C''est une belle histoire. Bonne journée
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Jeudi 7 Mars à 16:47
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Merci pour cette page, quelques images furtives sur l’Afrique que j'aime tant.
Bonne continuation
Merci pour tes visites dans mon univers
Je t'embrasse
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Jeudi 7 Mars à 19:45
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Jeudi 7 Mars à 16:44
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merci de tes visites Luciole, je t'embrasse
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Jeudi 7 Mars à 16:42
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Bonjour Luciole,
Le bonheur ... Pas facile de le trouver.
Bonne journée, bises Véronique-
Jeudi 7 Mars à 16:39
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Toujours autant de plaisir à te lire Luciole.
Bises et bon mercredi
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Jeudi 7 Mars à 16:37
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très agréable a lire et très intéressant,nous avons du soleil mais du grand vent,je te souhaite un très bon Mercredi,bises
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Jeudi 7 Mars à 16:36
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Beaucoup de plaisir à te lire . je retiens "le silence est la dernière demeure des mots". c'est si vrai. Bisous
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Jeudi 7 Mars à 16:32
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Cette page est magnifique et si agréable à lire, Luciole !
Bon mercredi,
Gros bisous♥
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Jeudi 7 Mars à 16:28
Grand merci Colette et ravie que mon récit te plaise... Cette suite m'est venue... dans la salle d'attente du médecin - j'ai eu le temps d'y songer... l'après midi entier !
Examens ce matin... prise de sang... Encore une matinée de fichue ! Viens seulement de terminer les corvées ...
pas la grande forme !
Mais si le ciel est tout noir et semble annoncer la tempête, un grand beau soleil ??! Mon mari attend la pluie, car tout est trop sec.
Je t'embrasse fort, ma chère Colette, et à bientôt
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Si son bonheur personnel est source de joie, celui des autres doit l'être aussi pour soi... je vais bien tu vas bien, et ce monde va beau... merci, bonne nuit, bises
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Jeudi 7 Mars à 16:19
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C'est un grand plaisir de te lire et de voir que la joie et la paix succèdent à la tourmente
Heureuse que cela te plaise, Gazou, et merci bcp de ta lecture attentive...
Bisous et à bientôt