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Gare à l'eau qui dort - 6ème partie : Lou, fille de Louise 1
Louise-Hortense
Musique ambiance
GARE A L'EAU QUI DORT - 6ème partie -
LOUISE-HORTENSE
Tant et si bien que des lettres anonymes échouèrent un beau matin dans la boîte aux lettres du domicile de Mr Damien...
Sept heures du matin ! Le vrombissement de l'aspirateur réveilla Louise. Encore toute engourdie de sommeil, elle se leva nonchalamment du lit, se dirigea vers la salle de bains et et prit une douche rapide.
Elle enduisit son visage de la crème sensée le protéger des rigueurs climatiques, se maquilla légèrement, enfila son jogging, ses baskets
Puis ouvrit les portes fenêtres qui donnaient sur une vaste terrasse paysagée d'un blanc lumineux, délimitée par de fines balustres, surplombant les splendeurs du Parc.....
Le ciel, débarbouillé des pluies nocturnes, s'ébrouait en petits frissons de brume... Le matin ruisselait sur la terre et fumait de tous les parfums du Parc et de la forêt proche... Le soleil s'échinait à vouloir allumer toutes choses de son haleine chaude...
Louise, comme ivre, se sentait revivre....
Elle disposait au premier étage d'une coquette chambre personnelle dotée d'un grand lit, d'un dressing et d'une salle d'eau parfaitement équipée, puis d'un petit bureau très ordonné... Le tout aménagé avec un raffinement qui combinait authenticité et modernité...
Ragaillardie par la fraîcheur de l'air, elle sortit vivement de la chambre.
Elsa, une perle ménagère jeune, dynamique et bienveillante, lui tournait le dos et traquait une poussière inexistante en slalomant avec son aspirateur bruyant entre les meubles précieux de l'immense couloir desservant de nombreuses chambres.
Louise, qui l'aimait bien, trouverait sa maniaquerie bien cocasse si celle-ci n'était pas liée au despotisme de son mari et à son exigence de propreté... Mais il est vrai que la Maison devait être prête à recevoir toutes personnalités importantes qui se présenteraient à l'improviste ... Les lits étaient toujours impeccablement faits dans les dix chambres, la plupart du temps inoccupées, et des serviettes propres, régulièrement changées, attendaient d'être utilisées dans les salles de bains....
Damien n'avait pas mis longtemps à adopter toute la rigueur aristocratique de Belle-maman et de sa femme !
Depuis leur mariage, il y avait eu tellement de bouleversements, de changements dans la vie de cet Homme ! Il avait dû assimiler tant de choses en un temps record !
Motivé par les incitations fiscales, il avait pris goût au "petit personnel". Mais le-dit "petit personnel" ne l'aimait pas, et voulut se rebeller, se faire respecter un minimum, tout de même ! La dédaigneuse brutalité de Damien ne convenait pas à ces gens de services de la Haute Société, recrutés tout droit de la prestigieuse "Ecole Académique des gouvernantes et aspirants domestiques" fondée en 2010...
A leurs yeux habitués aux belles manières, Damien passait pour un "phénomène mental fort original" dépourvu de classe ! Louise avait dû leur imposer silence avec une telle autorité innée que tous se turent afin de ne pas lui déplaire...
Pourtant, son titre de noblesse n'encourageait plus Louise à se sentir supérieure aux autres... Ce temps-là était révolu ! Mais elle savait qu'elle devait faire passer l'intérêt de la Famille avant ses sentiments personnels. Les subordonnés ne doivent jamais devenir des intimes, des amis potentiels, afin qu'un agencement harmonieux puisse se mettre en place au sein de la Maison...
Elle sut très rapidement qu'elle pouvait compter sur eux, sur leur dévouement à son égard. Ils transformaient ses moindres désirs en réalité !
Cependant, toute distances gardées, des liens s'étaient tissés entre elle et le personnel. Celui-ci comprenait bien des choses et il veillait discrètement sur elle et sur la petite Louise-Hortense.
Elle faisait sienne en soupirant cette célèbre maxime de Nietzsche : "Un seul Homme sans joie suffit pour créer dans une maison une humeur chagrine". C'était si juste !
Elle descendit rapidement l'escalier majestueux en pierre des marbriers façonniers moka crème d'une élégante sobriété, qui occupait presque tout l'espace du vaste Hall d'entrée en longeant le mur de gauche que des toiles contemporaines égayaient. La rampe en fer forgé accompagnant cet escalier déployait les volutes d'un chef d'oeuvre de ferronnerie d'une solidité à toute épreuve....
Elle se rendit vers la salle des petits déjeuners attenant à l'immense cuisine dernier cri aux chromes étincelants dans laquelle s'activait déjà Ida, adorable cordon bleu petite et grassouillette qui faisait les délices de Damien le Dimanche, seul jour dont il gratifiait la Famille de sa présence.
Louise salua gentiment Ida, et s'avança d'un air guilleret vers sa ravissante fille Louise-Hortense, flanquée de sa nounou surnommée Nany...
Vêtue avec un soin méticuleux d'un jean blanc, d'un Sweat bleu azur aux motifs poétiques et scintillants offert par sa mère, de baskets blancs.... , auréolée des fragrances florales , boisées et sucrées de "Lolita Lempicka", parfum offert par son père, la mince fillette aux yeux de pervenche terminait son petit déjeuner aux côtés de sa Nany anglaise, jolie trentenaire célibataire stricte et austère, sanglée dans un tailleur-pantalon noir très chic ... qui avait un sens du devoir et du sacrifice beaucoup plus développé que celui de Louise...
Louise Hortense essuya sa bouche discrètement avec sa serviette et se leva ainsi que Nany à l'approche de sa mère.
Nany
Nany salua respectueusement en inclinant la tête la jeune maman qui appartenait à une des plus prestigieuses familles aristocratiques. Louise maîtrisait parfaitement le système protocolaire avec beaucoup de discrétion et bon goût... ne provoquant jamais d'esclandre, n'ayant jamais un mot plus haut que l'autre, et donnait toujours l'impression de s'intéresser aux problèmes de chacun.
Mais Nany savait qu'une main de fer se cachait dans un gant de velours.... Même si Louise ne s'en apercevait pas ...Louise aimait et admirait profondément sa fille, ayant remarqué les aptitudes remarquables de sa petite Lou qui, tout comme son père, était habitée par l'ambition et ne reculerait devant rien pour la satisfaire....
Mais c'était Nany qui assurait tous les rôles, tour à tour éducatrice, narratrice, animatrice de jeux, confidente, voire infirmière.... Louise lui confiait totalement sa fille...tout comme l'avait fait sa mère à son égard....
La vie dans la Maison devait être bien ordonnée et rien ne devait perturber le bon déroulement de toutes choses et des opérations domestiques ! Chacun à sa place !
Pas de mièvreries entre mère et fille... Pas de discussions oiseuses... Pas davantage de ces petites douceurs sucrées qu'ont les mères avec leur "bébé" ! Louise se targuait de considérer Lou comme une adulte depuis son plus jeune âge.
La blonde Lou aux tresses épaisses enroulées autour de son joli minois - oeuvre de Nany - âgée de dix ans, avait hérité de la beauté pétillante et des performances intellectuelles de sa mère pour laquelle un spécialiste avait annoncé un QI supérieur à 140 dans sa jeunesse et décelé une mémoire infaillible. Louise était incollable sur tout ce qui concernait le bottin aristocratique et mondain. Ces qualités lui avaient permis des études éblouissantes en littérature, ainsi que dans les domaines des arts et des langues étrangères... Elle aurait pu prétendre à une carrière journalistique dont elle rêvait si Damien n'avait pas mis un frein puissant à son évolution.
La mère avait espéré les mêmes dispositions pour sa fille, mais Lou souhaitait ardemment être avocate. Ce métier jouissait d'un grand prestige à ses yeux... bien que son père n'aimait pas "les gens de robe"... tout en reconnaissant que ceux ci l'avaient bien dépanné, plus d'une fois même, au cours de situations épineuses rencontrées au fil des années dans son travail...
Cependant, le coût de ces études était fort élevé ! Mais Lou rassurait son père, en lui promettant fièrement d'être toujours "major de sa promotion" ! Ce qu'elle était déjà !
En attendant, elle restait une enfant posée, studieuse, obéissante et particulièrement discrète.
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23 H 21 : 15/01/2020 : 125 visiteurs et 2090 pages lues
Tags : réveil, domestiques, nounou, beauté, Roman 1, aristocratie, château, perfectionnisme, épouse, fille, intelligence, protocole
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Commentaires
Ah ! Je leur souhaite un petit changement de vie, hélas ! Un retour à la normalité de la vie et un respir à «plein poumon» ! Espérons, hein, Luciole !
Bonne fin de semaine,
Gros bisous♥
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Dimanche 19 Janvier 2020 à 10:30
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Une vie bien compartimentée pour Louise et sa fille avec ce personnel à leur entière disposition, un standing à maintenir qui n'encourage pas la spontanéité .
Bonne journée
Bises
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Vendredi 17 Janvier 2020 à 16:13
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J'aime la maxime de Nietzsche, pas fausse, comme un pomme pourrie dans le panier gâte les autres... Un milieu très bourgeois loin de mon monde... ;-) bises
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Vendredi 17 Janvier 2020 à 16:10
Coucou Jill
Et de moi donc ! suis bien trop spontanée pour savoir naviguer dans un monde protocolaire... N'en ai pas les clés ! Avec mes gros sabots, je risquerai de faire tâche !
J'aime bien ta comparaison de pomme pourrie qui contamine tout l'ensemble du "panier" !!! Bien vu !
Merci et gros bisous
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Ce genre de vie stéréotypée en bocal ne m'irait pas du tout, j'aime trop la spontanéité, la gaité et surtout le rire!
Grosses bises et belle soirée Luciole
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Vendredi 17 Janvier 2020 à 16:07
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Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes... mais pour combien de temps ! Bisous-
Vendredi 17 Janvier 2020 à 16:06
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Coucou Luciole, j'ai l'impression d'évoluer à Buckingham palace tant la rigidité règne dans cette maison. Pauvre petite Lou qui connait une relation quasi inexistante avec sa mère et entretient des liens bien plus serrés avec sa gouvernante. Coïncidence, une de mes petites-filles s'appelle Lou et elle est blonde avec des yeux bleus. Je me demande comment l'histoire de cette famille va évoluer. A plus tard. Bises
Merci Victoria... Je suis ravie de ton intérêt pour mon roman-feuilleton.... J'avoue que je n'aurais pas aimé du tout cette ambiance compassée... Ayant été élevée par ma grand mère jusqu'à mes 3 ans, j'ai eu le plus grand mal à être séparée d'elle ensuite en devant partir vivre chez mes parents... Pas une bonne idée que de laisser son bébé vivre chez qq d'autre... La séparation est une fêlure dont on ne se remet pas, surtout à cet âge là !
Bisous