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Gare à l'eau qui dort n°59 - Madame est servie !
Gare à l'eau qui dort n° 59
Madame Mère
Résumé
La toute jeune rivale de Louise, Agathe, bientôt 18 ans, incapable de subvenir à ses besoins et à ceux de sa petite Daisy de 2 mois, fille de Damien, mari de Louise, est soudainement hébergée par Louise dans son "Château",
véritable "Arche de Noé" dans laquelle elle découvre peu à peu les Résidents....Chamboulée par le luxe inouï du Domaine de Louise, elle est traversée par de violentes émotions contradictoires.
Le Père de Louise, intransigeant et autoritaire, est le véritable propriétaire du Domaine, qu'il entretient à grands frais . Louise restera toujours sa "Fille Unique" à garder sous cloche tant qu'il vivra et il n'en démordra jamais !
Curieusement, Louise, aussi volcanique et autoritaire que son Père, redevient petite fille en sa présence...Ce Père tyrannique n'a d'estime que pour sa petite fille Lou, fille de Louise
génie de 12 ans dotée d'une intelligence extraordinaire.... et d'un "sixième sens".
Nul ne sait d'où vient son immense fortune ! En réalité, la Fortune amassée par ses Ancêtres habilement placée en Bourse par ses soins. La Bourse et le Marché économique mondial représentent le "pied d'argile" de ce colosse au coeur dur,Mr le Baron entretient avec un soin jaloux ses relations mondaines,
momentanément mises en veilleuses à cause des magouilles inacceptables de son défunt gendre...La mère de Louise, surnommée "Mme Mère" par Louise, est une femme acariâtre, égoïste et glaciale,
Qui n'aime que les voyages, les plaisirs, les réceptions, les attentions dues à son rang... et elle-même !
Elle se révèle très vite comme une personne rigide, ennuyeuse, tracassière, secrètement alcoolique...
Mais Mme Mère vieillit mal et se trouve laide ! Elle décide brutalement de rester cloîtrée dans son sublime "Ermitage"
et ne consent à en sortir que pour les "Dîners de Louise"Le soir de l'arrivée d'Agathe et de Daisy dans le splendide Domaine, Louise reçoit ses Parents !
Le Dîner, d'ordinaire joyeux, est houleux, au point de réveiller Agathe en sursaut !Agathe guette les paroles qui viennent du "Monde d'en-dessous" (rez de chaussée) et s'aperçoit avec fureur qu'on parle d'elle dans des termes peu flatteurs ! Effondrée, elle retourne dans "sa chambre", celle allouée par Louise,
et perd toutes ses illusions "d'une vie meilleure".....Louise est aux prises avec ses parents
Après leur avoir révélé la présence d'Agathe et de Daisy dans le Domaine.Monsieur le Baron est scandalisé et réagit avec une extrême violence, selon sa détestable habitude........
MADAME EST SERVIE !
(Oh que oui !!!)
Michel Richard Delalande Symphonies pour les Soupers du Roy 5ºSuite La Grande Piéce Royal
- "Chut, chut, là, là ! doucement, ma belle, doucement, là, là... ça va aller maintenant, on va s'expliquer, toutes les deux, d'accord ! Je te dis tout, et toi, tu m'écoutes, hein ?! Là, c'est fini, c'est fini !" (Episode précédent n° 58- Cliquez sur la phrase)
Tout avait bien commencé ! Le ciel restait gris mais la pluie ne tombait plus... Elsa avait soigneusement balayé les marches de pierre du perron, passé le jet puis, espérant que l'éclaircie durera, déroulé le tapis rouge bien propre afin d'éviter toute chute sur la pierre glissante...
La Famille de Louise fut reçue en grandes pompes par Régan et Marc, les chauffeurs, gardes du corps et aides-jardiniers occasionnels de la Maisonnée.. Ils avaient vu la voiture du "Patron" s'engager dans la magnifique allée délavée par les pluies de la journée... Régan avait sonné la cloche pour prévenir les Résidents du Domaine puis tous deux s'étaient précipités, en costume noir très chic, devant les marches du majestueux perron, avec la dignité de deux chambellans...
Elsa, vêtue de sa robe noire et tablier de dentelle blanc immaculé, coiffée d'un bandeau de dentelle blanc amidonné sur ses courts cheveux noirs, se tenait prête dans le Hall d'entrée...
La monumentale porte d'entrée ouvragée fut ouverte... Nany et Maminou sortirent et se campèrent sur la terrasse du perron.
Lou sortit en hâte de sa chambre, courut dans le long couloir, dévala les marches de l'escalier de pierre menant au Hall d'entrée en retroussant sa robe, et se plaça auprès de Nany... Elle avait tout particulièrement soigné sa toilette et portait pour le plus grand plaisir de ses grands parents une somptueuse robe longue bleu azur piquetée de petites fleurs multicolores du plus bel effet.... Un châle en cachemire bleu azur s'enroulait chaudement sur ses épaules. Elle avait artistement relevé ses lourds cheveux blonds qui retombaient en boucles anglaises autour de son fin visage de jeune fille sage. Un petit diadème de diamants irisés, offert jadis par "Daddy", couronnait le tout...
Maminou, éblouie par sa beauté princière, la complimenta avec fougue.
Adèle avait choisi un tailleur pantalon crème des plus seyants sur un chemisier bleu pastel au col ouvragé.. Ses pieds douloureux, qui avaient tendance à gonfler, étaient chaussés d'escarpins crème en cuir tressé confortables L'air humide était glacial ! Elle s'enroula frileusement dans un immense châle de laine de couleur crème...
Nany, très british dans son tailleur noir strict de nounou éclairé par un impeccable chemisier blanc au col de dentelle amidonné, tenait raide sa silhouette fort agréable qu'elle savait mettre en valeur par des tenues toujours simples et classiques.... Ses magnifiques cheveux noirs qui commençaient à grisonner, étaient comme à l'habitude relevés en chignon. L'indispensable châle, style espagnol, en dentelle de laine noire, l'aidait à supporter le froid ambiant....
La luxueuse limousine avec chauffeur en grande livrée noire s'arrêta avec douceur devant le perron. On entendait à peine ronronner le moteur... Regan ouvrit la porte de derrière et aida Monsieur le Baron à descendre, tandis que Marc, contournant l'arrière de la voiture, s'empressa auprès de Madame la Baronne...
Monsieur le Baron Henri de Montabert, les cheveux argentés soigneusement coiffés et laqués, affectait une élégance un peu désuète avec un manteau ample d'un gris soutenu jeté sur un costume trois pièces gris clair, chemise bleue et cravate de soie bordeaux. Sa beauté émaciée, froide et taciturne, s'éclaira d'un grand sourire en apercevant sa petite Lou, merveilleusement à son goût dans ses jolis atours de princesse... Il était agréable que chacun et chaque chose soient à sa place : cela flattait sa vanité et son sens de l'étiquette !
Ah, il manquait Louise ! Voilà qui est nouveau ! Il se renfrogna subitement ! Sa fille ne daignait elle plus les accueillir ? Il repoussa Régan et monta d'un pas raide les marches du perron.
Les principes et le devoir dirigeaient son existence. Jusqu'à peu, cette conduite de vie, au coeur de beaucoup de ses pairs, lui avait valu beaucoup d'estime... mais maintenant, tout se fracassait au gré des caprices de la sacro-sainte mode du moment, essentiellement basée sur l'individualisme et l'égoïsme, le laisser-aller.... Tous des "jean-foutre" !Madame la Baronne arriva dignement, marche à marche, cramponnée au bras offert de Marc. Elle s'arrêta un instant pour contempler l'excellence de l'accueil qui leur était réservé, et s'étonna soudain de ne pas y remarquer la présence de Louise. L'absence de sa fille unique gâchait tout ! Cette enfant manquera toujours à tous ses devoirs ! Elle n'était que source de soucis pour sa Famille... Désappointée, irritée, Madame Mère fulminait.
Heureusement, la silhouette élancée de Louise, habillée d'une délicieuse robe longue à manches longues, en tulle de soie transparent ardoise aux broderies réhaussées de milliers de sequins, sur laquelle elle avait jeté une étole de fourrure noire, se profila derrière Nany et Maminou. Sa robe bijou fluide ondoyait gracieusement à chacun de ses pas. Une ceinture cuir ton sur ton soulignait sa taille de guêpe. Elle portait de fins pendentifs en or et pierres précieuses noires scintillantes à ses oreilles qui magnifiaient son port de tête. Ses longues boucles blondes encadraient librement son fin visage au maquillage discret. Elle avait choisi des escarpins couleur chair à hauts talons qui lui donnaient une démarche de reine....
Son coeur battait la chamade. Elle avait dormi trop longtemps et son maquillage lui avait posé problème... Une sourde et lancinante angoisse la taraudait.... Cette soirée marquera un tournant pour les relations futures entre ses parents et elle... Il était vital pour la Maisonnée qu'elle fasse preuve de beaucoup de tact et d'habilité.........
Mais ses parents étaient coriaces ! .........
Autant elle était reine dans les dîners mondains, autant elle se savait fragile face à leur despotisme..........
Ruminations mentales qui la fracassaient !Elle était encore bien trop dépendante d'eux.......
Situation impossible qui devait cesser à n'importe quel prix !!!Le père de Louise s'arrêta brusquement en la voyant, soufflé par sa beauté qui lui rappela celle de sa toute jeune épouse...
Louise descendit lentement à sa rencontre et l'embrassa furtivement sur la joue. Il fut frappé par la sensualité du parfum de sa fille qui exhalait un souffle frais de fleurs et de bergamote suivi de touches orientales plus voluptueuses, un brin sulfureuses...
- "Sapristi, tu embaumes, ce soir ! Qu'est-ce donc ?"
- "Bonsoir Père.... Shalimar de Guerlain... !" lui répondit elle d'un air malicieux
- "Peste ! "Temple de l'amour" ! Il va à ravir avec ta splendide robe ! Tu es très en beauté, ma fille !...... Veux -tu séduire quelqu'un ?" fanfaronna le père avec un petit sourire en coin...
- "Henri, cessez vos fadaises et laissez moi l'embrasser, j'ai hâte de rentrer, il fait bien froid ce soir !" le bouscula sa tendre moitié qui piaffait derrière lui, toujours cramponnée au bras de son chevalier servant... Alors, ma Chérie, tu es en retard ! C'est fort regrettable !
Il est vrai que tu es très jolie ! Cependant, ce tulle est vraiment transparent, ce n'est guère convenable ! "- "Bonsoir Mère ! Vous aussi, vous êtes ravissante ! Ne craignez rien, j'ai caraco et jupon couleur chair sous la robe !" lui répondit sèchement Louise qui, décidément, ne supportait plus les remarques acides de sa mère.
Décontenancée, Mère tendit mollement sa joue glacée... Louise s'exécuta brièvement, puis s'écarta et lui prit le bras en congédiant Marc d'un sourire... Le garde du corps redescendit en hâte vers Régan et le chauffeur de la limousine. Ils partirent ensemble vers les communs où les attendait un copieux repas, la chaleur d'un foyer et la joie des retrouvailles sans aucune contrainte...
Les membres de la Maisonnée se hâtèrent de rentrer dans la chaleur toute relative du hall d'entrée.
Elsa referma vivement la lourde porte en bois sculptée, tourna la clé.. Puis débarrassa de leurs manteaux Madame et Monsieur le Baron... Lou passa dans les bras de l'un et de l'autre dans de grandes embrassades câlines...
- "Ma petite Lou, tu es charmante. Ton parfum est agréable... Tout est parfait... absolument parfait !" la complimenta vivement Bon Papa.
Lou rosit de plaisir et pivota lentement sur elle-même en prenant des poses...
Bonne Maman s'impatienta, le hall d'entrée était glacial ! Louise les invita à entrer dans la vaste salle à manger où les attendait au chaud, près de la cheminée qui ronflait, "le petit curé" Romain...
Radiateurs et foyer peinaient à réchauffer l'immense pièce aux murs glacés, d'ordinaire fermée et à peine tempérée par les convecteurs réduits au minimum.... Louise s'empressa d'offrir à sa mère une chaude étoile de laine. Père, habitué aux pièces glaciales de son "Ermitage", avait toujours trop chaud !Il fut reçu affectueusement par le "petit curé", comme on le ferait pour un ami de longue date. Romain était fort apprécié du Baron. Sa voix était douce, apaisante... Ce curé était bon, affectueux, très dévoué et sa parole était sage. Peut être même était il la seule personne en qui le Baron mettait toute sa confiance ! Il faudra cependant lui faire accepter une nouvelle soutane, car celle dont il était vêtu, bien que fort propre, était très élimée...
Le Baron regarda sa femme qui, selon son habitude, examinait chaque détail de la table sur laquelle étincelaient les verres de cristal et miroitaient les carafes à vin et à eau en cristal de Bohème façonné, sublimés par une nappe damassée blanche et les chandeliers en argent. Elsa avait allumé les bougies qui lançaient haut une flamme capricieuse, virevoltant au gré des courants d'air ambiant. La vaisselle en faïence de Delft, décorée d'une bordure floral et d'un oiseau dans un camaïeu de bleus de Delft jetait une touche raffinée et élégante à l'ensemble. La grand mère hochait la tête de satisfaction : c'était bouleversant ! Elle en aurait volontiers versé une larme, tant la beauté raffinée de la table l'émouvait...
Comme il l'avait convoitée, cette magnifique jeune fille au corps mince, élancé et sportif, le fin visage aux traits réguliers encadré d'une épaisse chevelure blonde, toujours vêtue avec une élégance rare. Ses manières distinguées et cette grâce innée, dont avait hérité Louise et sans doute Lou, attiraient des essaims de soupirants autour d'elle. Elle était, de plus, ce qui était loin d'être négligeable, l'unique héritière de son père, riche aristocrate aux ambitions politiques, et de son grand père dont la fortune dépassait l'entendement, amassée on ne savait comment...
Béatrice de Morhange était une fine cavalière qui montait comme un homme, un scandale à son époque, et n'hésitait pas à suivre une chasse à courre. Point de vapeurs ni de faiblesse de jeune fille boutonneuse en elle ! Elle assumait sa part de virilité avec un aplomb qui le stupéfia et le troubla au point de la vouloir par tous les moyens possibles... Ils chevauchèrent plaines et forêts ensemble... jusqu'au jour du mariage.
Des noces éblouissantes et grandioses, mais la réalité de leur couple lui apparut très rapidement, surtout à la naissance de Louise. Sa femme n'accepta ni sa grossesse, deux mois après le mariage, ni la maternité... Leur couple en souffrit, elle refusa la possibilité d'être de nouveau enceinte... Il dut se conformer aux désirs de voyages incessants, aux tourbillons mondains, aux fêtes, aux bals, aux réceptions de sa riche moitié qui devenait encombrante, autoritaire et acariâtre...
Il s'était refroidi très rapidement et consolé dans d'autres bras plus accueillants, en espérant n'avoir jamais de bâtards !!! Un voeu "pieux" exaucé, grâce à Dieu !
Désormais, sa femme et lui semblaient prendre plaisir à se bouder, à s'agacer, à s'égratigner mutuellement... Depuis quelques temps, la santé mentale de sa femme l'inquiétait ! A vrai dire depuis le scandale inacceptable provoqué par cet imbécile de mari que Louise s'était choisie avec si peu de discernement... ..
Désormais, la "Société" les dédaignaient. Ils n'étaient plus les bienvenus dans aucune des fêtes mondaines, dîners, clubs et associations. Ils vivaient deux vies monacales parallèles sans pratiquement se rencontrer : "L'Ermitage" était vaste, et les domestiques nombreux !Bref, sa femme se laissait aller, ne s'habillait plus avec goût, ne se maquillait plus, mangeait peu, maigrissait à vue d'oeil et restait désoeuvrée des journées entières, vautrées dans son fauteuil avec un livre ou devant la télévision... Un cauchemar ! Il se sentait jeune encore, elle avait étrangement vieilli en si peu de temps ! ...
Louise, stupéfaite, bouleversée, observait sa mère qui, telle une enfant devant une vitrine de jouets, pleurait devant chaque merveille de la table féérique... Madame Mère était fagotée d'une robe noire sans forme ni grâce, telle un sac, et son visage d'une pâleur extrême ne présentait aucune trace de maquillage... C'était proprement ahurissant ! Jamais elle n'avait vécu cela, même dans les moments rares de leur intimité familial....
Eberluée, Lou s'approcha de sa mère et lui souffla doucement :
- "Croyez vous que Bonne Maman soit malade, Mummy ? Elle est si maigre ! Sa robe noire est.... hors d'âge ! Où a-t-elle trouvé cette horreur ? Mummy, j'ai peur ! Va t-elle mourir ?"
- "Mourir, non, ma Chérie, mais en pleine dépression, certainement ! Et je crains fort de l'ébranler encore davantage aujourd'hui !"
- "Ne dite rien Mummy, je vous en prie, elle n'est pas en mesure de l'entendre !"
- "Pourtant, il le faudra bien, ma Grande, j'en ai bien peur ! Il est impossible de taire la présence d'Agathe parmi nous, ce ne serait pas correcte ! "
Elsa revint avec un chariot rempli de coupes de champagne, de gougères empilées dans des plats en faïence de Delft et autres amuse-gueules concoctés avec passion par Ida... Romain et Henry quittèrent la chaleur du foyer et s'approchant du chariot, prirent une coupe... Les yeux de Madame Mère s'allumèrent ; elle s'empara vivement d'une coupe de son breuvage préféré. Chacun prit place autour de la table, pendant qu'Elsa présentait les plats...
Instinctivement, Lou se plaça entre sa mère et sa grand-mère maternelle, reléguant son grand père près de Romain qui présidait en bout de table, le dos réchauffé par la chaleur du foyer. Surpris par le caprice de la "petite", le père de Louise en prit son parti, d'autant plus qu'il avait ainsi la possibilité inattendue de pouvoir discuter avec son ami.
En face du Baron et près de Romain, Nany, suivie de Maminou... toutes les deux très tendues...
Louise fronça les sourcils, puis comprit soudain que sa grande fille la protégeait de son père ! Emue, elle repoussa les boucles de Lou et lui embrassa tendrement le front. Lou lui sourit en lui clignant malicieusement de l'oeil.
Lou s'occupa gentiment de sa grand mère, dont les joues se coloraient après une deuxième coupe de champagne, tout en grignotant gougères et bouchées que lui présentait sa petite fille.
La conversation menait grand train pendant qu'Elsa amenait les plats...
On fit une pause en attendant que la table soit débarrassée pour le dessert...
Louise prit une grande inspiration, se força au calme :
- "Mes parents chéris, j'ai une nouvelle importante à vous apprendre" balbutia Louise avec une voix altérée par l'angoisse .
Cette glossophobie inhabituelle de leur fille alertèrent les parents... Silence de mort ! Nany et Maminou n'osaient respirer, Lou prit doucement la main glacée de sa grand mère dans la sienne...
Romain baissa la tête et se mit à prier silencieusement... Il admira le courage de Louise. Il s'était pourtant habitué aux retournements brutaux de situations, mais celui-ci était de taille !
- "Que se passe t-il, ma Chérie ? Eclaire nous ! Ton timbre de voix est bien singulier ! Tu m'inquiètes !" s'étonna Père en se penchant pour examiner sa fille.
La confusion subite de Louise la paralysa.... Elle trébucha lamentablement sur les mots. Son cerveau tentait fébrilement de repasser et de choisir les informations dans des termes les plus accommodants afin de froisser le moins possible ses parents...
Le Baron, exaspéré, contourna la table à grands pas, derrière Romain, Nany et Maminou qui se rétractèrent instinctivement, et vint se placer auprès de sa fille, au grand dam de Lou, apeurée...
La patience n'était pas son fort ! Le visage austère et anguleux du père de Louise se figeait sur un sourire sardonique, les lèvres retroussées sur des dents aiguisées. Il ne quittait pas sa fille des yeux. Il grinça soudain :- "Vas-tu accoucher, oui ou non ? Ai-je bien compris ce que tu tentes lamentablement de nous faire accroire ?"
- " Mon ami, veuillez surveiller votre langage, je vous prie" s'indigna Madame Mère qui ne cessait de titiller ses rancoeurs envers son insupportable mari. "Que se passe t-il donc, encore ? Louise, veuillez vous exprimer convenablement : je ne comprends rien à votre galimatias ! Lou, qu'a donc ta mère ? Elle est bien étrange ! "
- "Lou, veux tu bien te rendre dans la cuisine auprès de Ida ? Non ??? Hé bien soit, va te placer près de Romain et Nany, je te prie, tu me feras plaisir ! s'il te plait, ma Chérie... " insista doucement Louise, blanche comme un linge, la voix presque atone...
Lou s'exécuta ! Nany approcha une chaise entre Romain et elle, et invita Lou à s'y assoir. Le père de Louise, estomaqué par toutes ces manigances, flanqua un grand coup de poing sur la table au risque de la fracasser ! Le coeur de Louise s'arrêta brusquement de battre : une grande chance que toute sa précieuse vaisselle et ses verres en cristal avaient été promptement débarrassés ! Elsa, qui avait anticipé la colère du père, avait appelé au secours Ida et à elles deux, elles avaient accompli des prodiges de célérité....
Lou se réfugia dans les bras de Nany ! Bonne maman leva les yeux au ciel en hochant la tête avec un profond dédain... Décidément, Monsieur le Baron manquait totalement de classe !!! Quel exemple désastreux pour la petite Lou... qui ne devrait pas être là ! Louise manquait de fermeté : on n'impose pas les discussions conflictuelles aux enfants..... même aux fillettes surdouées.....
Mais que se passait-il donc encore ??? Allait-on enfin lui expliquer ?
Quelle époque !
Luciole
A SUIVRE
A l'école des bonnes manières avec Madame de Rothschild - Très intéressant !
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Commentaires
Ah la baronne de Rothschild, cela fait un bon moment qu'on ne la voit plus à la télé, elle et ses conseils de savoir vivre en bonne société
belle fin de semaine Luciole, bises
Une drole de mère la Barone et son époux est bien violent.....Pauvre Louise au coeur tendre ! J'ai hate de lire la suite!!!!!!
Bises
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Jeudi 3 Juin 2021 à 22:15
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Un vrai tyran ce Baron ! Il terrorise toute la famille . Cela va être difficile pour Louise de parler ! Une drôle de famille.
Tu as beaucoup d'imagination ; bravo.Bise
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Jeudi 3 Juin 2021 à 22:13
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Quelle famille !! Tout ce que je n'aime pas: les conventions, les apparats, les conflits, l'argent.....Une vie simple, c'est pas mal ?
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Mercredi 2 Juin 2021 à 13:48
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Il tape déjà sur la table. Qu'est-ce que ce sera lorsqu'il apprendra la présence d'Agathe et de la petite Daisy !!!
Merci Luciole et bonne semaine,
Gros bisous ♥
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Mercredi 2 Juin 2021 à 13:44
Coucou ma Colette et merci bcp de ton assiduité
Hé oui ! mais il a déjà compris le baragouinage de Louise ... d'où le coup de poing sur la table ! La suite va être corsée, même si elle n'était encore qu'à l'état de simples pensées... J'ai intérêt à me dépêcher de les taper avant qu'elles ne s'envolent...Je t'embrasse de tout coeur
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8gazouMardi 1er Juin 2021 à 15:58C'est toujours avec plaisir que je lis la suite de ton histoire...
Je te remercie beaucoup pour tes commentaires si chaleureux et réconfortants
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Mercredi 2 Juin 2021 à 13:42
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Oh la ! Nous sommes au bord d'un scandale de famille, qui ne sera certainement pas accepté par les parents de Louise...
Bises et bon début de semaine Luciole
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Mardi 1er Juin 2021 à 11:12
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Ajouter un commentaire
Hou la la, je sens que cela ne va pas être simple pour Louise. Le baron n'a pas l'air du genre empathique et l'exigence de l'étiquette semble être privilégiée dans sa vie. Je me demande ce qu'il va faire car visiblement il a tout compris et ne compte pas rester sans réagir.
Bravo pour cette histoire que je suis avec plaisir
Bonne journée et bon week - end
Bises