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Gare à l'eau qui dort n°79 - Barbe noire
Gare à l'eau qui dort n° 79
BARBE NOIRE
Lou 24 ans
Après des années d'études, l'obstination de Lou paya : elle quitta la Pension avec finalement un gros pincement au coeur, rejoignit une prestigieuse Université de Paris et après un Master 2ème année, s'envola dans un Centre de Formation des avocats (CREPA) obtint son diplôme d'avocate (le CAPA) avec un prix d'excellence ! Ce sésame indispensable obtenu, elle dut prêter serment puis effectua un stage rémunéré de deux ans auprès d'un avocat réputé afin de pouvoir revendiquer enfin son titre d'avocate... (N° 78 - cliquez sur la phrase)
Louise et Tom se réjouissaient de sa réussite ! Louise, qui voulait comprendre sa fille, la questionnait ardemment par téléphone, notait tout et reconstituait sa vie sur son ordinateur avec toutes les dates et les évènements...
Mais Lou avait volontairement omis un évènement capital qui avait bouleversé sa vie....
Lou en robe de soirée le Jour du Grand Bal
Le Jour du Grand Bal qui clôturait somptueusement ses études, lors de l'obtention de son diplôme d'avocate (CAPA), et réunissait tous les grands noms de la Société, elle avait connu l'amour ! Il la fera grandir d'un coup et la métamorphosera en une vraie femme...
"Chacun a besoin de l'autre pour se révéler" !
Mince, élancé, il était magnifique, style beau ténébreux aux yeux de braises ardentes et à la peau d'albâtre mangée par une barbe d'un noir de jais impeccablement taillée et par des cheveux épais soigneusement coiffés au gel... Ses sourcils noirs, manifestement épilés, dessinaient des arcs parfaits, et ses cils longs et fournis ressemblaient à ceux d'une femme, lui assurant un regard velouté. Un nez aquilin et des lèvres sensuelles.... Il était impressionnant !
On devinait qu'il travaillait son image ! Il portait sa chemise blanche négligemment ouverte au col, souvent portée avec un petit gilet de costume noir sans manches, sur un jean noir très class... De luxueuses chaussures de cuir noir et une montre en or hors de prix au bracelet de cuir fauve complétaient sa tenue... Une pierre précieuse noire étincelait à son lobe d'oreille gauche...
Son orgueilleuse beauté, son fier maintien et son port altier éclipsaient sans mal tous les autres mâles de la soirée...
Il avait salué respectueusement Lou avec un léger hochement de tête... Elle ne pouvait s'empêcher de le regarder furtivement.... Leurs regards se croisaient souvent, elle crut déceler dans ses yeux noirs et farouches comme une étrange complicité...
Elle le trouva beau comme un dieu !
Ils se retrouvèrent vite côte à côte... Ses manières douces, enjôleuses, contrastaient curieusement avec les intonations de sa voix basse de mâle très.... mâle ! C'était un homme érudit, intelligent et tendre...
Il était célèbre, fêté, recherché....
On le savait ambitieux, voluptueux et cruel, on l'avait surnommé "Barbe noire" !
Sans le savoir, elle l'appela instinctivement "mon Pirate" !
Avait -elle cédé un peu trop vite ?
La tête lui tourna. La gloire de cet homme l'éblouit ! Elle se sentit comme étourdie par un tsunami de joie, d'excitation, de jubilation, de volubilité... bientôt suivi par une étrange langueur... Elle si discrète d'ordinaire, elle se ridiculisait devant lui, papillonnait, mondanisait...
Elle était vierge d'amour et d'homme... Les études avaient mangé son temps et son adolescence...
Il lui apprit à goûter les plaisirs de la vie....
Amaury
Folle de lui, elle avait faim des bras aristocratiques de son riche amant, de dix ans son aîné...
Mais lui n'aimait que la douceur de ses seins menus et fermes, de l'ardeur de son insatiable intimité juvénile... Il était fou de sa beauté et surtout, de son corps...
Elle lui parlait de son ambition des barreaux de Paris, de la griserie des plaidoiries qui sauveraient les justes et condamneraient les méchants...
Mais lui se récriait : il la voulait pour lui tout seul. Il tournait comme lion en cage à l'évocation d'une prochaine et brillante carrière de "son Bébé", jaloux de sa liberté future auréolée d'une notoriété salvatrice...
"Les mots n'arrangeront jamais le monde, Bébé, un point c'est tout ! C'est ainsi !" la clouait il vertement, lorsqu'elle "délirait" sur son avenir....
Leur amour passionné tint jusqu'à l'obtention du titre d'avocate de Lou... Pour lui, elle prit ensuite une année sabbatique, et il l'emporta rapidement loin des siens et de ses ambitions.... dans son monde à lui, le monde de la nuit et des paillettes....
Afin de lui plaire, elle se para des somptueuses robes sensuelles qu'il lui offrait, dont la ligne lui dessinait une silhouette fine et élancée, une silhouette de rêve, et côtoya la Gentry, arrimée aux bras célèbres de son amant qui se pavanait. Il l'exhibait comme un bijou de luxe. On le félicitait, on s'extasiait, le regard égrillard et la langue bien pendue, sur son judicieux choix : cette ravissante et toute jeune femme était le joyau que tout homme aimerait posséder....
Ils fréquentèrent donc les "boites de nuit" très sélectes où se réunissait tout le gratin de la Haute Société.... A condition de réussir à passer à travers le tri très sélectif des "physios"(physionomistes) qui se tenaient devant l'Entrée de ces Clubs privés, entourés de "malabars" (videurs de bar) impressionnants ! Mais Amaury était connu comme le loup blanc des nuits parisiennes.... Ces night-clubs recherchaient une totale sécurité pour leurs clients très huppés.... Amaury était une valeur sûre...
On jouait des coudes pour franchir les rideaux de strass, les tentures flashy..., pour se trouver une table, une banquette, voire un tabouret..., puis pour se ruer au bar avant que la foule ne vous laisse une bonne dizaine de minutes à poireauter dans la file... Amaury, en habitué, réservait toujours...
Lou se retrouvait happée, bousculée, perdue..., propulsée au coeur d'un monde frivole et bigarré en recherche permanente de plaisirs, de raffinements étranges. Monde qui travestissait la nuit à grands coups de déguisements dénudés scintillants, de préciosités vulgaires, de lumières et de cacophonies.
Déco rococo aux miroirs gigantesques qui s'ambiançait sur des sons hip hop..., ou déco contemporaine très chic aux murs recouverts de feuilles dorées..., ou décor futuriste dépaysant..., sur fond de musique latino ou électro..., ces boites de nuit très branchées attiraient des foules avides de chic, de choc et de trash....
Monde dans lequel on ne vivait plus, mais où on survivait, on transpirait, sous les lumières rouges tamisées, les jeux de lumières, et les relents d'encens qui masquaient les odeurs corporelles....
Désamour de Lou pour les musiques technos ! Etrange alchimie qui martelait les corps, broyait les entrailles... Elle se retrouvait plongée au coeur des désirs frelatés, de la drague, ou de la drogue, d'une humanité désordonnée, déchainée et fortement alcoolisée.... Dans ces lieux mythiques où braillaient et se déhanchaient les foules ferventes, l'antique serpent dévorait les âmes....
Eveil des sens et érotisme artificiellement débridé dans des enfers de volupté ! Aliénation mentale subversive qui escamotait toutes les peurs de la réalité.... Nuits zombifiées... Nuits éclaboussées parfois de fausse neige ou de mousse gluante...
Lou pataugeait, fébrile, désorientée, dans ce Paris des plaisirs, ce Paris entre deux mondes...
Lucidité cynique d'Amaury qui s'énervait :
"Suis je amoureux d'une nonne ou d'une jolie femme sexy ? Bébé, pourquoi torpilles tu toujours tout ce qui m'est sel de la vie ? Es tu malade ? Tu philosophes trop, tu m'empêches de respirer ! ........
"BEBE, TU ME SAOÛLES !!!" .........
"Alleeeez.... viens ! Tais-toi et viens, je vais te soigner ! Viens mon Chaton... Viens"
Des "viens" tentateurs qui tenaient toujours leurs promesses....
Ils terminaient leur nuit dans des espaces luxueux, glamours, avec spa et lit immense. Nuit libertine qui conjuguait sensualité et fascination pour l'étrangeté....
La toute jeune femme s'initiait avec ravissement aux rites de la vie érotique....
Mais le nom, l'habit et la réussite sociale ne sont souvent que masques d'un monde hypocrite ! Lou naviguait entre franchise et dissimulation, élégance et vulgarité du jeu, esprit vif et bêtise humaine, joie de vivre et décadence extrême... Marigot puant dans lequel elle s'empêtrait, s'enlisait, se débattait....
Amaury entretenait l'ambigüité et le mystère... Il représentait à lui seul toute la duplicité cauteleuse de la Gentry qui se dérobait sous le persiflage et l'ironie. L'ironie est une arme visqueuse, cruelle et dangereuse ! Elle est l'arme des pervers.
Au fil de l'année sabbatique, ce monde devenait de plus en plus transparent aux yeux de la jeune femme... Monde en mutation où se côtoyaient aristocratie et classes dirigeantes, industriels, nouveaux riches et artistes... Ce monde était prêt à tout pour protéger ses privilèges... Un monde construit sur la fausseté qui s'affranchissait de toutes les lois régissant les peuples...
Monde sans coeur ni âme, Monde rusé avide de conquêtes et de pouvoir, Monde qui exhibait sa richesse...
Monde qui avait le don d'exaspérer Lou..
Amaury l'avait-il pressenti ?
Ils n'osaient s'avouer que leur amour n'était plus que décadence et hypocrisie...
Démasquer les apparences était au-dessus de leurs forces ! Les corps s'arrangeaient seuls, étrangers à cet état de fébrilité des coeurs. Les corps se comprenaient merveilleusement bien, et c'était tout ce qui comptait...
Mais la Passion sans amour est un risque, elle est volage, elle glisse entre les mains et s'envole souvent vers d'autres cieux.... L'Homme était trop plein de lui-même : il se méfiait du caractère bien trempé de la jeune femme.. et de son intelligence... L'homme avait peur de la puissance de "La Femme", la Femme adulte, la Femme vraie qui s'assumait seule... sans lui !
Lou devina la passion des jeunes et jolies filles de son amant. Il avait renoué avec tout son harem d'anciennes relations, plus accommodantes, plus légères et surtout plus sottes qui tournaient autour de lui et s'agrippaient à lui comme un essaim d'abeilles à sa reine, dans ces lieux de débauches......
Il lui rappela son père ! Choc de l'évidence....
Elle arracha d'elle, avec peine et vives souffrances , les masques aliénants de la passion pour enfin accéder aux vérités du coeur.
Le pouvoir de séduction et le libertinage d'Amaury se révélèrent alors comme des moyens de pouvoir sur elle... Elle n'avait pu y résister, ils l'avaient vaincue.... Amaury espérait faire d'elle SA chose au gré de ses fantaisies...
Alors seulement elle comprit combien elle avait été sa proie....
Leur passion ressemblait davantage à un combat qu'à un amour sincère... Ce Don Juan de pacotille voulait acquérir la gloire par le biais de ses conquêtes amoureuses... Une façon pour lui de cacher la mollesse et les faiblesses de son être, au monde. surfait de la Gentry.. En fait, c'était un homme sans envergure !
Il l'avait liée à ses fantasmes sans le moindre respect pour sa sensibilité... Sorte de vengeance de l'Homme, en mal de liberté et d'estime de soi, à l'égard d'une femme.... Guerre d'influence et guerre des nerfs qui avaient peser sur elle comme une menace perpétuelle et déstabilisante... Elle avait perdu pied : voilà tout !
Promptement, elle le chassa de sa vie avant même la fin "de l'année sabbatique" ! Il la savait "procédurière" !!! Il n'insista pas, par peur des tribunaux.
Puis elle passa des jours sauvages, des jours enragés qui lui laissèrent une plaie vive, des bleus à l'âme et des souvenirs cuisants, amers... Une vague culpabilité, un écoeurement, qui mettront du temps à s'estomper, entremêlés de regrets vifs.... On ne joue pas avec le feu sans se brûler les ailes...
Malgré les embrasements du corps, elle préféra le célibat à la passion, et redevint rapidement un électron libre, qui finira bien par retrouver la paix de l'âme, sa spontanéité, sa joie de vivre et son dynamisme...
Luciole
A SUIVRE
01/10/2022 : 220 visiteurs et 720 pages lues
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Commentaires
Un grand merci à tous mes nombreux lecteurs, je suis très touchée... Merci à Pianosh et à Flipperine et je vous souhaite à tous une excellente année 2022 et surtout une très bonne santé... Protégez vous bien ! Gros bisous à vous
14gazouDimanche 2 Janvier 2022 à 14:49Enfin, Lou est sortie de cette impasse...
Je te souhaite une bonne année, une meilleure santé et un meilleur moral...La vie est pleine de surprises
Je te souhaite de sentir que les absents , même invisibles , demeurent présents présents
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Dimanche 2 Janvier 2022 à 19:15
Ah ça alors, tu as bien raison ! On veut enfin la tranquillité et le calme et c'est tout le contraire qui advient ! Tu en sais quelque chose, ma chère Gazou !
Disons que le moral est désemparé, car nous sommes en attente d'une nette amélioration de la soeur de mon mari... Nous souffrons avec elle, ainsi que pour ses filles sans cesse auprès d'elle...Pour mon frère, je suis sans cesse avec lui en pensées... et en prières ! Finalement, il est mieux là où il est ! (je l'espère !!!). J'aimerais bien qu'il me raconte sa nouvelle vie, c'est vrai !
Meilleure année possible, ma chère Gazou, et surtout une meilleure santé... Très gros bisous
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Une blessure qui guérira, Lou ne peut transiger avec l'intégrité , ce monde de pacotilles n'est pas fait pour elle et elle l'a compris à temps .
Bonne année 2022 plus sereine que celle que nous venons de quitter
Gros bisous
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Dimanche 2 Janvier 2022 à 19:07
Ah ma chère Gisèle, pour toi aussi, une année sereine et remplie de bonheur malgré le contexte... Tiens bien le cap, niveau santé ! Merci de tout coeur....
Je ne connais pas le monde de pacotille, mais franchement il ne me tente pas ! Ce que je lis ou vois, par contre, m'interroge ? Que vont devenir nos jeunes ? Dr$ole de vie !
Mais Lou avait peut être besoin de rejoindre l'esprit de son père, quelque part, afin de le rencontrer dans ses égarements et de le comprendre pourquoi ? Un père, c'est très important pour la fille !
Je t'embrasse fort
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12Eglantine LilasSamedi 1er Janvier 2022 à 10:40En lisant ta réponse à Zaza , je ne peux souhaiter que l'année qui vient apaise tes douleurs et vous épargne des peines. La santé est souvent tributaire des épreuves que nous traversons, pas que, certes, mais en partie. Ne t'oublie pas...je t'embrasse et que 2022 soit plus clémente.
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Dimanche 2 Janvier 2022 à 19:00
Merci Mère Grand
Je vais mieux ! Ma belle soeur est toujours en état stationnaire, reliée à un respirateur, mais elle peut communiquer par écriture sur ardoise... Nous patientons... Ce sont surtout ses deux filles qui sont à plaindre, sans cesse à son chevet...
Pour mon frère, son état était tel que je suis soulagée, dans le fond, qu'il soit parti auprès du Père... Il souffrait trop ! Mais son âge (68 ans) nous interpelle : quand même, c'est jeune !!!Mon mari et moi, nous nous appuyons l'un sur l'autre... J'espère pour lui que l'état de sa soeur s'améliore ???
Je t'embrasse bien fort et te souhaite tous mes meilleurs voeux, de bonheur, de réusssite dans tes publications et surtout de santé...
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Tant mieux, si elle retombe sur terre, hein !
Une Bonne Année, dans la mesure du possible, Luciole,
malgré tous tes tracas, hélas !
Gros bisous ♥♥♥
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Dimanche 2 Janvier 2022 à 18:52
Merci de tout coeur, ma Colette ! ça va mieux ! Nous bougeons, avec un soleil radieux... Aujourd'hui, Chapelle St Michel à Baudinard. Très belle promenade, dommage : Chapelle fermée !
Lou a pris un coup de vieux et pourra comprendre les faiblesses humaines par la suite... Une bonne leçon qui aurait pu lui coûter fort cher...
Je t'embrasse de tout coeur et tous mes meilleurs voeux, surtout de santé, pour cette nouvelle année.
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AH! le monde de l'illusion !!
J'espère que 2022 verra ta santé t'améliorer. Bon courage à toi !
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Dimanche 2 Janvier 2022 à 18:49
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Que lis-je, pas de très bonnes nouvelles de ton côté... j'espère que l'année nouvelle sera meilleurs côté famille, santé.... bien à toi, jill
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Dimanche 2 Janvier 2022 à 18:47
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Ah oui, la découverte de l'amour sans la luxure ne laisse jamais indemne...
Bises et bonne fin d'année - Zaza
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Mercredi 29 Décembre 2021 à 20:26
Merci ma Zaza et très bonne nouvelle année, remplie de joies et de santé...
Je ne suis guère présente en ce moment, mais rude traversée du désert avec maladie et deuil de mon frère, hospitalisation de ma belle soeur dans un état grave.... Pas trop le moral et la santé décline....J'espère que tu vas bien ? Bcp de bisous à toi et aux tiens
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je rattrape mon retard... et ta description de ce monde de paillettes est tout à fait vraie, non pas que je le connaisse mais c'est ce que la télévision de Berlusconi nous a servi pendant des années et on en paye encore les conséquences...
J'ai lu dans tes réponses que tu viens de passer une terrible période. Je suis désolée d'apprendre tout cela...
Algeroma....c'est Jacqueline de Marenostrum!
Bises