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Gare à l'eau qui dort n° 82 - Soleil couchant !
Gare à l'eau qui dort n° 82
SOLEIL COUCHANT !
Lou ralentit progressivement, se retrouva dans le flot de voitures roulant presque au pas... Mais une fois la circulation redevenue fluide, elle appuya brutalement sur l'accélérateur et le bolide s'envola avec un bruit d'enfer en slalomant entre les voitures automatiques lobotomisées.... (Episode précédent - cliquez sur la phrase)
Début Mars 2026 : Arrivée de Lou en Ferrari dans le Domaine Familial au soleil couchant....
A la Porte d'Entrée du Château :
Les coups portés avec le heurtoir en fer en forme d'anneau sur la lourde porte d'entrée du Château résonnèrent lugubrement dans le Hall. Elsa se précipita et ouvrit l'huis.
Elle hésita, puis la main en visière sur le front, elle fixa la merveilleuse apparition dont l'épaisse et longue chevelure se frappait d'or et de pourpre sous les rayons du soleil couchant. Soudain, elle poussa un long cri de joie et d'admiration en reconnaissant Lou.
Stupéfaite, elle contempla quelques instants la svelte silhouette, émerveillée par la beauté de la jeune femme qui la regardait, les yeux brillants de malice et d'émotion contenues.
- "Lou ? C'est toi ? Lou ? Comme tu as changé, ma Belle... Comme te voilà grandie.... Mon coeur t'a reconnue avant mes yeux... Vrai de vrai... tu es devenue une bien jolie Dame de Paris, ma Lou ! Je suis toute intimidée....
Dis, quelle longue absence ! Presque douze ans que tu n'es pas revenue.... Si tu savais comme tu nous as manqué... Comme nous t'avons pleurée... Nous tenons tant à toi... Nous allons bien nous occuper de toi, ma Lou, tu verras !
Tu arrives bien, tu sais ! Ton grand père est bien fatigué....- "Va-t-il mal ?" s'inquiéta Lou
- "Mais non, il a pris douze ans... Bien que les années ont compté double pour lui, tant tu lui manquais. Il te réclame sans cesse ! Son moral vacille ! Il sera si heureux de te savoir à la Maison... Dis, tu vas rester, n'est ce pas ?"
- "Je ne sais pas encore, ma chère et tendre Elsa... Je suis si émue de te retrouver, si émue...."
Lou attira son amie de toujours et l'étreignit doucement en posant sa tête dans son cou, comme elle le faisait petite. Elsa la serra avec une telle force que Lou gémit. Elles restèrent ainsi enlacées en silence, puis Elsa se recula, les larmes aux yeux :
- "Il me faut vite les prévenir, ma Belle, je vais sonner...."
Elsa se précipita sur la cloche et annonça à toute volée un grand évènement...
Tom et Louise sortirent du Salon et arrivèrent, étonnés par tant de bruit. Une ravissante jeune femme se tenait sur le perron. Elsa raccrocha la chaîne de la cloche et resta respectueusement sur le côté, terriblement secouée....
Ils restèrent bouche-bée ! Quel merveilleux spectacle ! Tout d'abord, ils ne la reconnurent pas, tant ils étaient aveuglés par les flamboiements du ciel. Soudain, la Mère contempla la beauté incandescente de sa Fille avec stupeur ! En un éclair, son coeur maternel se cabra et souffrit...
L'agonie du jour se referma sur elle. Elle devina un voile de deuil dans le regard las de son enfant... Un ciel d'orage sans d'autres issues que celle procurée par la parole donnée et reçue...
Les deux femmes se retrouvèrent et prirent brusquement conscience de cet amour indestructible qui les unissait avec une force inouïe, cet amour formidable qui soulevait des montagnes... Instant fugitif, palpable, mouvant...
Les souvenirs du passé ressurgirent dans la tête fébrile de Lou, un instant oubliés, reniés... mais qui pourtant balisaient sa trajectoire.
Dans l'air du soir tournoyaient les pensées, les amertumes, les blessures, les souffrances.
Entre ce qui était encore mais qui, pourtant, n'était plus, le déclin du jour se figea.... Le coeur de mère s'interdit cette atmosphère close sur elle-même... Elle se précipita, bras ouverts, vers la fille qui n'attendait que cela....
Lou se jeta en gémissant dans l'asile des bras maternels offert et donné... Elles s'étreignirent et s'embrassèrent comme deux naufragées....
- "Ma toute petite, tu ne nous a plus donné de tes nouvelles depuis presqu'un an ! Nous étions mortellement inquiets..." soupira la mère d'une voix tremblante.
- "Mummy, j'ai pensé à vous à chaque battement de mon coeur..." sanglota la fille.
Très ému, Tom était resté en arrière, laissant mère et fille renouer le cordon de vie.... Un terrible sentiment d'urgence le bouleversait... Il pressentait combien cet instant-clé redéfinissait les liens entre Lou et sa famille.... La jeune fille semblait avoir perdu toute insouciance.... Quelque chose se mourrait, en même temps que le jour, dans la vie de Lou.... Point de bascule entre la Lou d'hier et la jeune femme aux traits durcis d'aujourd'hui.
Soudain, il n'y tint plus ! Il détacha doucement mère et fille, prit Lou dans ses bras puissants, l'embrassa avec une tendresse infinie et lui dit fermement :
- "Après la pluie le beau temps, ma chère Lou... Que nos retrouvailles ne souffrent plus d'orages ni de ciel sombre, d'accord ? ... Rentre vite, la nuit tombe et nous allons prendre froid... Regarde, la lune est déjà là ! Elle est sublime, non ? Presqu'aussi belle que toi ! Allez viens, tu nous raconteras dès que tu t'en sentiras la force... "
Il sortit de la poche de son jean un large mouchoir propre à carreaux et lui essuya les yeux, les joues...
- "Allez, mouche-toi, ma Beauté, et viens.... viens...
"Viens.... viens...." ! Injonction qui revenait comme un écho d'un passé tout proche... Fulgurance ! Empreinte durable dans la mémoire de Lou.... L'obscurité, que la lumière abandonnait, la ramenait sans cesse à "Lui"....
Elle laissa le ciel mourant derrière elle et entra dans le vaste Hall, chichement éclairé par les lumières tamisées du Salon et les lueurs fauves des braises du foyer...
- "As-tu seulement mangé, ma Chérie ?" s'inquiéta Louise, frappée par la lassitude des traits marquant le visage de sa fille.
- "Non, Mummy, j'ai juste grignoté ce midi. Puis j'ai avalé les kilomètres d'une traite jusqu'ici."
Ida, qui attendait silencieusement dans la cuisine, se pressa vers Lou qui la reconnut à peine tant la cuisinière avait vieilli et maigri.... Ses cheveux blanc comme neige étaient coupés courts, son visage s'était émacié et ses immenses yeux noirs de jadis ressemblaient à deux billes inquiètes et larmoyantes...
Elle se retrouva étreinte avec une force incroyable... Ida se cramponnait à elle.... Lou dut se baisser pour l'embrasser.....
- "Ma toute petite, comme tu as grandi, hein, tu me dépasses maintenant... Tu es splendide, la gamine, splendide ! Une vraie Dame ! Mais tu es bien maigrichonne, ça oui ! ça nourrit pas, l'air de Paris.... Les belles plantes y végètent et y meurent.... C'est bien connu.... Va, reste avec nous, la petite, ne pars plus... je vais te soigner, te bichonner....
Elsa, ma fille, met le couvert, elle va défaillir....
Tiens, prends vite cette assiette de gougères, elles sortent du four... Mange, mange... tu es si pâle.... si pâle.... Je n'aime pas Paris, ça prend nos enfants, et nous les tue.... Tu sais comme je sens les choses, hein, faut pas retourner à Paris.... Reste avec nous ! Ta vie est ici, ma petite, ici...."Ida se précipita à ses fourneaux en maugréant...
- "Qu'est-ce qu'ils ont tous à partir à Paris ? C'est pas une ville correcte pour une jeune fille.........."
Malgré le choc émotionnel de l'instant, tout le monde se mit à rire...
La nuit, derrière la frontière des grandes baies, semblait signer la fin de tout, la fin d'un monde.... La nuit noire les obligeait à retrouver leurs zones de confort.... Elsa ferma les volets sur le noir du ciel, vaguement baigné d'une lumière irréelle.... La lune tronquée d'un quartier révélait les fragilités de la vie... l'incomplétude des choses sensibles... l'angoisse du lendemain....
Lou ne parvenait pas à se ressaisir ! Elle tremblait de froid, de fatigue et de faim.... Elle avala les gougères, debout, sur le bord du comptoir de la cuisine, s'étouffa, but le verre d'eau que lui tendit vivement Ida....
La brave cuisinière n'osait plus la regarder, tant sa Lou avait changé.... La jeune femme la dépassait d'une tête.... Il y avait quelque chose de pas clair dans son regard.... Un chiffonnement de tout l'être.... Qu'est-ce qui clochait dans la gamine ?
Ida regarda Tom, légèrement en retrait derrière Louise. Ils échangèrent un regard complice.... Tom secouait lentement sa tête blanchie, de haut en bas, comme qu'un de fracassé... Ida s'angoissa soudain : si Tom avait peur, alors, alors.... c'était grave !
Il fallait qu'elle râle, ça la soulageait :
- "Et Monsieur ? Est-il seulement au courant ? Faut aller le chercher, il se meurt tout seul dans sa chambre... Où avez-vous la tête ?..."
- "Ida, calmez vous, tout va rentrer dans l'ordre, maintenant... Laissons Lou se reposer." la coupa doucement, tendrement Louise qui la connaissait si bien...
Venez tous préparer la table... Tout ira mieux autour d'un bon repas....
Lou, va donc voir ton grand père, vous serez plus tranquilles dans sa chambre pour bavarder... Ménage-le, ma Chérie, son grand âge le fragilise........"Luciole
A SUIVRE
Bravo et merci les enfants, magnifique !!!
Message d'espérance.....
ROMAN : "Gare à l'eau qui dort" - cliquez sur les phrases ci-dessous :
Tags : Soleil couchant, retrouvailles familiales, le château, la Parisienne, mère et fille, l'amour maternel, émotion, amourette décevante, épuisement
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Commentaires
Douze ans absente de la maison, c'est long. Tout le monde a changé, hélas ! Comment va réagir son grand père ! Merci pour cette suite, chère Lucile.
Bon vendredi et beau week-end.
Gros bisous ♥
Quand on lit tes histoires, on est comme attirés par tes phrases. Tu as le don de décrire profondément les émotions et les sentiments des personnages. Merci beaucoup.
Je ne sais plus si je t'ai souhaité une bonne année. Vaut mieux 2 fois que pas du tout. Aussi je te souhaite le meilleur pour 2022 ! bonne soirée. Bises.
Merci lumineuse Luciole d'être venue éclairer mon univers !
Et merci aussi à Galibois, qui, venu de sa lointaine planète a pu réunir certains zumins ! Grâce lui en soit rendue !
Je vois que ta plume n'est pas moins prolixe que la mienne et qu'il va me falloir un peu de temps pour en découvrir toute la richesse, ne serait-ce qu'avec ce roman que je veux lire en commençant par le début, comme il se doit !
Je note ton adresse dans ma liste afin de mieux revenir me poser chez toi. bises amicales
An'Maï
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Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:24
Merci An'Maï... et merci d'être indulgente, car ce sont de premiers jets directement tapés sur l'écran, souvent une bonne partie de la nuit... Ce long roman mériterait d'être relu et corrigé, avec certainement des coupes franches destinées à l'alléger ..... Peut être un jour ???
Je sens que ta plume est bien plus alerte et mûrie que la mienne... Je trouve que tes billets sont d'une grande qualité...
Bonne nuit et bisous
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16eglantine lilasDimanche 16 Janvier 2022 à 12:09apres ces belles retrouvailles j'ai envie de me rappeler Hugo, tu sais notre ami à tous...enfin je crois ! je t'embrasse et attention à ta santé :-) cela ve s'en dire
Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,
Innocent et joyeux.<textarea id="BFI_DATA" style="width: 1px; height: 1px; display: none;"></textarea>
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Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:30
Merveilleux Victor ! Il est si riche, si vivant, si prolixe qu'on ne fait jamais tout à fait le tour de toute son oeuvre....
Merci Eglantine et toi aussi, prends bien soin de ta santé... et tu as raison, ne te fatigue pas trop ! Garde ton souffle pour tes publications.....
Passes tu par Word lorsque tu réponds ou bien tapes tu tes commentaires directement ? Car lorsqu'on passe par Word, on se retrouve avec de drôles de trucs !
Je t'embrasse bien fort
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eglantine lilasDimanche 16 Janvier 2022 à 12:11
P.S chaque fois que je réponds sur un blog ekla...j'ai des trux bizarresen bas de mon com...désolée ,c'est tres récent !
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15gazouVendredi 14 Janvier 2022 à 18:05Quelles retrouvailles émouvantes!
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Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:32
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Ah! les retrouvailles, après un si longue absence. Tout le monde a bien changé !
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Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:34
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Bonjour Luciole,
Tout d'abord je te souhaite une très bonne année 2022, la santé surtout, c'est tellement important.
Voilà la suite de ton récit, cette suite me touche car ma fille "retrouve" son père 41 ans plus tard. Des retrouvailles émouvantes ...
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Passe une bonne journée, grosses bises, Véronique
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Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:39
C'est tellement gentil, ma chère Véronique ! Merci pour tes bons voeux... Je te promets de faire attention...
Je suis bien heureuse pour ta fille, c'est tellement important, un père pour une fille ! Elle doit éprouver un grand sentiment de soulagement et de joie intérieure... C'est beau, de telles retrouvailles après si lgtps.... Merci de ton témoignage qui me touche bcp !
De bien gros bisous à elle et à toi aussi... Que le meilleur vous arrive à toutes les deux....
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Tôt au tard, se revoir reste un grand bonheur, bonne nuit Luciole, bises
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Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:42
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Je reviens avec plaisir après ma longue pause. Un épisode de bonheur de retrouver ceux qu'on aime. Bises-
Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:45
Coucou Martine
Merci d'avoir pris le tps de venir me lire... J'apprécie d'autant plus que je sais combien tu en manques...
Oui, un vrai bonheur que de se retrouver, malheureusement devenu si rare désormais ! Famille éclatée aux quatre coins de la France....
Gros bisous et bonne réussite pour tes publications
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Le retour de l'enfant prodigue 12 ans après, des retrouvailles émouvantes Luciole.
Bises et bonne soirée - Zaza
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Dimanche 16 Janvier 2022 à 23:46
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Ajouter un commentaire
Quel bonheur de revoir Lou après ces douze ans d'absence . Tous ont de quoi être à la fois bouleversés et enchantés .
Je vais de ce pas lire la suite
Bon week - end
Bises