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Gare à l'eau qui dort n° 92 - Le nouveau monde
Gare à l'eau qui dort n° 92
Les transports de Demain, déjà en cours Aujourd'hui !
LE NOUVEAU MONDE
ls pressèrent le pas malgré la touffeur de l'air, protégés de la canicule par leurs habits réfrigérants et des auvents au-dessus de leurs têtes. Stan observa Justine. Rien ne le rendait plus heureux que de voir le visage illuminé de joie de son épouse... Comme leur temps était précieux et leur travail chronophage, ils savouraient avec délectation chaque moment passé ensemble.
Sur les larges trottoirs du Centre Ville aux dalles récupératrices d'énergie, arborés et fleuris, s'ouvraient des chemins ombragés par des auvents végétalisés ou recouverts de panneaux solaires dotés d'un dispositif de récupération des eaux pluviales.
Les énormes pylônes s'enveloppaient d'une dentelle d'acier esthétique et soutenaient la structure arachnéenne des auvents. Ils crachaient de fins nuages de fraîcheur citronnés et de produits anti-moustiques dans l'air..
De très importantes épidémies mondiales de dengue, de chikungunya et de zika avaient marqué les esprits et poussé les autorités sanitaires à réagir vigoureusement.
Toyota si- REAl personnel
Un SEGWAY à la japonaise : Le Winglet !
4 km d'autonomie grâce à une batterie en lithium-ion.
Il se recharge en 1 H 1/2. D'un poids de 20 km, sa vitesse de pointe est de 6 km/H...Des navettes sans chauffeur et des voitures climatisées à hydrogène, parfaitement silencieuses, circulaient à vitesse réduite sur l'avenue à quatre voies.
De chaque côté de l'avenue, de larges pistes cyclables, bordées de barrières souples amortissant les chocs, accueillaient des vélos électriques et une nuée de NVEI (nouveaux véhicules électriques individuels) tels que les gyropodes, les gyroroues (monoroues), les hoverboards... et autres trottinettes électriques améliorées, revisitées ou transformées, heureusement limités en vitesse de pointe.
Le cauchemar de Stan autrefois, car tous ces engins filaient à toute allure en slalomant entre les voitures sur les routes ou entre les piétons sur les trottoirs. Quel soulagement de les voir enfin confinés sur les espaces cyclables !Des parkings bienvenus, couverts de panneaux solaires et de récupérateurs d'eau, aménagés pour le co-voiturage, agrémentés d'aménagements végétalisés multistrates (arbres, buissons et pelouse fleurie) déroulaient leurs immensités aux abords de la Ville, réduisant ainsi la circulation des voitures dans les avenues urbaines....
Le Skytran
Au-dessus d'eux volaient des drones-taxis ou de livraison.... et le Skytran, le tramway aérien inventé par la NASA en 2022, particulièrement revu et corrigé selon les techniques actuelles. Des nacelles de deux places ou plus se déplaçaient à plus de cent kilomètres par heure sur une route aérienne autoguidée. Le tout fonctionnait par lévitation magnétique. (Une première ligne avait vu le jour à Tel Aviv dans les années 2023)
Hihihi ! De drôles d'engins dans la Ville !!!
La chaleur était torride en ce mois d'Août 2030... La température dépassait régulièrement les quarante degrés à l'ombre. La canicule affectait de nombreuses personnes et provoquait une hécatombe de décès au sein des personnes âgées ou fragiles malgré une climatisation régulée obligatoire dans les appartements et les lieux publics.
Justine et Stan n'aimaient guère cette nouvelle ère qu'ils trouvaient insupportable !
Car des sécheresses, des famines, et des incendies foudroyaient le monde. Malgré la répartition des richesses par le biais des impôts sur la Fortune, qui permettaient de lutter contre les inégalités sociales et leurs néfastes conséquences, selon les décrets du Gouvernement mondial, "totalitaire par nécessité", le monde souffrait terriblement ! Les crises sociales et les épidémies se succédaient... On avait réussi à éradiquer les pandémies les plus récurrentes, mais il y avait tant à faire dans tous les domaines... On tentait de calmer les peuples en brandissant les étendards de la science et de la technologie qui résoudraient tous les problèmes d'ici 2050 ??? Mais les peuples n'y croyaient plus !
Les promenades de Justine et de Stan s'étaient réduites.
Par sécurité, il était interdit de pénétrer dans les forêts sous peine d'emprisonnement et d'une forte amende. Les forêts étaient étroitement surveillées par de minuscules caméras cachées dans les arbres, et par une foule de gardes forestiers robots. De nombreux Parcs aménagés s'ouvraient dans la Ville et permettaient promenades et jogging. Des gardes robots épiaient et enregistraient les moindres gestes des promeneurs et des sportifs tant les autorités craignaient les actes de terrorisme ou de fous.
Au bord de la mer, plus de plages ! Le niveau des mers et des océans continuait de monter Situation dramatique pour nombre de stations balnéaires et d'Hôtels proches de du rivage progressivement grignotés par les vagues... De larges bandes côtières de l'hexagone disparaissaient sous l'eau... Dans le monde, des îles entières menaçaient d'être englouties et les migrations climatiques massives affluaient sur les terres.
Sur les splendides allées piétonnières, des femmes pressées, fort élégantes dans leurs habits luminescents et à refroidissement radiatif (vêtements qui réfléchissent le rayonnement solaire et refroidissent en émettant la lumière solaire), les croisaient sans les voir.
Des hommes aux cheveux longs, ou coupés courts à la mode "romaine", superbement parés d'une longue et large tunique soyeuse, vivement colorée, ou de courtes tuniques aux couleurs vibrantes recouvrant de légers pantalons unis, leur APN en bandoulière, les doublaient en se hâtant.
(APN : Assistant personnel numérique. Ordinateur miniature réunissant les fonctions d'un ordinateur, d'un visiophone et d'un téléviseur grâce à son projecteur holographique)Justine riait sous cape, Stan grognait, goguenard ! Il volait un grand vent de liberté qui balayait les codes vestimentaires. La mode était unisexe... Il était parfois difficile de distinguer le sexe naturel de la personne.
Hommes et Femmes se maquillaient, se parfumaient, portaient des pantalons, des jupes, des robes en peau de banane ou fabriqués avec des champignons ou bien en fibres optiques... A moins qu'ils proviennent de matières recyclées ?
Dans tous les cas, il suffisait de choisir une entreprise approuvée et certifiée par le gouvernement "pour ses pratiques respectueuses de l'environnement et de ses salariés".Les écailles de poissons servaient à fabriquer des sacs. Les chaussures étaient en peaux d'ananas, ou à partir de déchets et de sous-produits industriels, ou de chaussures usagées recyclées... Là aussi, la fantaisie était de rigueur : hommes et femmes jouaient les équilibristes sur des talons aiguilles impressionnants...
Des "conformistes", dont Stanislas et souvent Justine, adoptaient plus volontiers des baskets ultra perfectionnés et des tenues "vintages" recyclées....
L'enjeu était de créer des tissus les plus faibles en carbone ! Hé oui, la "Fast Fashion" était morte ! (concept de surconsommation vestimentaire nuisible pour l'environnement). Place au recyclable et aux vêtements de longue durée, exempts de substances nocives ! Vive l'économie circulaire !
La mode unisexe se portait longue, cet été ! Les robes époustouflantes et fleuries, à couleurs changeantes suivant la chaleur du corps chatoyaient. Les larges pantalons fluides ou plissés habillaient hommes et femmes. Ces vêtements texticaments connectés, alimentés à l'énergie solaire ou corporelle, captaient le rythme cardiaque, diffusaient des médicaments. Ils hydrataient la peau, amincissaient, émettaient des anti-inflammatoires....etc
Devant Justine et Stan entrait ou sortait le monde formaté du vaisseau de verre, ce monde berné par tout ce qui brille, un flux incessant d'hommes jeunes encore au corps svelte et musclé moulé dans des tenues androgynes, et de femmes-fleurs séduisantes au look très branché, véritables virtuoses de souplesse et d'équilibre, car juchées sur de fragiles escarpins à très hauts talons...
A moins que ce soit le contraire ? Allez savoir ! Justine et Stan s'amusaient parfois à repérer les mâles des femelles, mais ce n'était pas évident du tout ! Sous le maquillage d'une jeune Beauté se cachait parfois la fière virilité d'un homme !
Monde du Business, mirage d'un avenir riche de fiévreuses ambitions, de gloire et de richesse qui bouffait tout élan de vie et les envoyait sur des chemins de vanité.... Chant des sirènes qui infiltrait une mentalité impitoyable : celle de la compétition ! Joute moderne qui desséchait les coeurs et aveuglait les consciences... Le travail était devenu une denrée rare, il fallait briller... Le revenu universel permettait tout juste de vivre....
Certain(e)s partaient déjà allègrement en clientèle, convaincu(e)s que le monde avait besoin "d'iels", tandis que d'autres se préparaient à cohabiter ensemble pendant de longues heures studieuses et collaboratives dans un univers souvent agréable, bardé d'un matériel informatique sophistiqué, d'appareils numériques et de réalité virtuelle...., mais univers clos ! Les employé(e)s affichaient une exubérance feinte , les cadres une arrogante indifférence...
Quelques candeur(e)s effarouché(e)s aux lubies romanesques, qu'on ignorait ou qu'on méprisait, souffrant de la moindre blessure, grimpaient, solitaires, vers leur calvaire sans piper mot, le regard résolument ailleurs...
De petits groupes se saluaient, se claquaient des bises bruyantes, souvent sans chaleur.
Pour se retrouver tous au final surveillés, tracés, scotchés devant leurs écrans.
Cette vision éveilla en Justine une foule de souvenirs douloureux. Combien de fois était elle montée dans cet univers carcéral d'antan, celui "d'avant Louise", du deuxième étage, avec la figure avenante mais le coeur serré et glacé, et la boule au ventre ? Louise avait eu le mérite de balayer toute cela avec panache ! Malgré les perpétuels tumultes sociaux, elle avait réussi à réunifier cadres et employé(e)s autour d'un seul objectif : maintenir l'Agence afin de conserver leur emploi !
Par le biais de cette mystérieuse alchimie qui les liait désormais, Stan comprit. Le visage de Justine s'était fermé, ses yeux sombraient dans son intériorité. Elle cramponnait son bras de ses mains soudain froides.. Il stoppa net, la forçant à s'arrêter.
Atteindre ainsi le sommet de la vie professionnelle, sans l'avoir recherché ni même le désirer, créait une confusion mentale terrible.... Etait-ce un mirage ? Cachait il d'autres sommets plus improbables encore ? Ou les déserts arides et humiliants de la "Faillite", bête noire de tout Patron en charge d'une entreprise et d'employé(e)s ?
Auront ils le temps - ou la force - de connaître encore les plaisirs d'une vie conjugale bien remplie ?
Justine gardait en mémoire les révoltes et les lassitudes infinies de Louise qui ne songeait plus qu'à se débarrasser de cette encombrante Agence, elle qui ne réussissait à faire face qu'au travers de ses mondanités....
Même en envisageant les hypothèses les plus favorables possibles, l'ivresse de l'Inconnu lui donnait des vertiges !
Luciole
A SUIVRE
Les épisodes n° 93 et 94 FIN sont enregistrés.
Les nouveaux "textiles" : très intéressant !
ROMAN : "Gare à l'eau qui dort" - cliquez sur les phrases ci-dessous :
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Commentaires
Le monde du futur tu l'as bien développé dans ta note. Il y a certaines choses bonnes et d'autres moins bonnes dans le progrès. Malgré tout, actuellement, nous craignons ce qui se passe et se passera dans quelques années. On souffre déjà beaucoup depuis 2 mois dans le sud, bien qu'il ait plu tôt ce matin, le ciel est gris, la maison et les murs sont chauds... Bon week end et prenons la vie au jour le jour. Bises.
4Eglantine lilasVendredi 29 Juillet 2022 à 10:08il y a si longtemps que je ne suis venue te faire un p'tit coucou ! Je vois que tu as la forme pour écrire :-)
belle fin de semaine à toi
bises
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Un nouveau monde que je ne connaîtrai pas Luciole, déjà que les chaleurs de juin et de juillet m'ont épuisées, alors celles de 2030 ou 2050... très peu pour moi.
Bises et bon jeudi - Zaza
Bonjour Luciole,
Bien assez pour lui donner des vertiges, pauvre Louise ! Tout un monde différent !!! Ouf !!!
Merci et bon jeudi,
Gros bisous ♥
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Un bel aperçu de ce qui nous attend dans les années à venir. Un récit d'anticipation dont on peut déjà mesurer certaines données qui font froid dans le dos . Incendie, sécheresse, canicule sont déjà au rendez vous et se multiplient. Que de recherches tu as du faire pour mener à bien ce roman , un grand bravo Luciole.
Bises