• Un Noël très spécial

     

    UN NOËL TRES SPECIAL !

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    DEFI N° 232 CROQUEURS DE MOTS POUR LE 28 Septembre 2020

    Texte sur un moment (passé, présent ou à venir, réel ou imaginaire) particulier

    dans lequel l'électricité (ou son absence) y a joué un rôle important. 


    Mots imposés à inclure (ambre, ampoule, appareil) 

     

    UN NOËL TRES SPECIAL 

    VOSGES

     

    (TEMPETES 26-27-28 Décembre 1999)

     

    https://www.meteoconsult.fr/actualite-meteo/2011-12-25/26-decembre-1999---tempete-meurtriere-sur-la-france-14971.php

     

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    UN NOËL TRES SPECIAL !

    On voit bien le rideau de sapins d'une trentaine de mètres de haut derrière la maison :

    imaginez les tous couchés sur le côté droit, se chevauchant  les uns sur les autres ...

    Derrière le rideau de sapin, le torrent La Cleurie

     

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    UN NOËL TRES SPECIAL !

     

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    UN NOËL TRES SPECIAL !

     

    La fameuse source d'où mon mari remplissait les seaux, l'étang et nos canards colverts

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    Description de notre ex-grande maison composée de deux étages côté rue, 3 étages derrière la maison :

    (trois étages derrière maison, côté cour, à cause du dénivelé du terrain .... avec des caves voûtées) : 

    - Rez-de-chaussée (au niveau de la rue, car 1er étage côté cour) réservé aux parties techniques et commerciales  :

    - Fenêtres donnant sur la rue : Bureau - Salle vidéo et conférences sur abeilles et miel-

    - Fenêtres sur  derrière la maison : miellerie - salle empotage et préparations diverses,

    et, en continuité, dans un rajout à la maison :  magasin de vente de miel et produits divers au miel, avec deux fenêtre ouvertes devant et deux donnant derrière la maison.... 

    - Premier étage côté rue, 2ème côté cour , notre appartement

    - Fenêtres côté façade entrée de la maison : route Remiremont - le Tholy - Gérardmer et, face à la fenêtre, une rue grimpant dans le Tholy, creusée au flanc d'une montagne boisée :

    La chambre amis et le grand salon avec cheminée-insert

    - Fenêtres façade donnant derrière la maison : cour vallonée donnant sur un étang, suivi d'une digue plantée d'immenses sapins d'une trentaine de mètres....  en lisière d'un torrent tumultueux : la Cleurie ... La Cleurie longe une montagne boisée, fermant l'horizon.... 

    Notre chambre, Salle de bain-WC, l'immense cuisine ouverte sur le salon

    Sur la façade latérale gauche de la maison : Fenêtres cuisine et salon, donnant sur le toit d'un petit bâtiment de dépendances  suivi d'un bois de sapins vigoureux et élancés, souvent élagués par les services de l'EDF à cause des fils électriques qui alimentent notre maison en électricité.... (Une grande chance pour nous !!! ça nous a sauvé les dépendances, voire la maison....)

    Nous pouvions donc voir pratiquement tous les alentours de la maison par nos diverses fenêtres.... 

    Le bâtiment que vous voyez, accolé à la maison à droite de la 1ère photo, est notre magasin de miel avec un petit appartement en location saisonnière en dessous côté cour.... 

     _____________________________________________________________________________________

     (avec les quelques souvenirs marquants qui me restent... )

     

    26 Décembre 1999 - Aux environs de 6 Heures du matin

    Notre fille, son mari et leurs enfants de 10 et 7 ans, arrivés la veille, dorment dans la chambre d'amis... 

    Des sifflements aigus, terrifiants, me réveillent en sursaut... Mon mari dort profondément à mes côtés.... Il fait très froid ! Les volets roulants vibrent, couinent, grincent sous les bourrasques. 

    Anxieuse, je me lève, m'enfouis frileusement dans une chaude robe de chambre, enfile mes chaussons fourrés, sors en courant dans le grand couloir parqueté glaciale qui traverse tout le premier étage.

    Une enfilade de portes ouvrent : sur la cage d'escalier descendant au rez-de-chaussée, les deux chambres, la salle-de-bain, la grande cuisine et l'immense salon...  Je me précipite dans la cuisine, relève en vitesse le volet roulant qui vibre bruyamment...

    Le vent s'engouffre en sifflements stridents dans le coffre du volet et gifle les carreaux de la fenêtre. Spectacle de fin du monde ! J'ai vite saisi qu'un évènement majeur se déroulait sous mes yeux effarés. Le bruit est infernal. La lourde maison en granit, aux murs épais, stoïque, encaisse les coups de béliers sans broncher... Je tremble pour les ardoises de l'immense toiture,  qui viennent d'être remaniées... L'ouvrier a changé crochets et ardoises en mauvais états... La note  de la facture est salée... Pourvu qu'elles tiennent ! 

    La sauvagerie du vent et de la pluie battante qui frappe la fenêtre emporte branches, feuilles et divers objets avec une violence inouïe, soulevant des gerbes d'écume sur la surface de notre petit étang... Gémissements lugubres des immenses sapins échevelés de plus de trente mètres de haut en lisière de notre terrain, longeant un torrent tumultueux roulant branches tombées et débris... Les sapins tourbillonnent en tous sens, en sarabandes folles, tous à l'unisson...

    De l'autre côté du torrent grimpe une forêt agonisante sur les flancs d'une montagne... Des arbres déracinés dégringolent, entraînant dans leur course démente toutes sortes de futaies fragiles.... Immense naufrage d'arbres inextricablement enchevêtrés.... 

    Le ciel en furie se démène en turbulences terribles, en clameurs effrayantes... 

    Soudain, l'apothéose ! Je hurle, épouvantée, fascinée, hallucinée.... Le temps d'un battement de coeur, le rideau de sapins s'écroule comme dominos ... sur la droite du terrain... Ils s'affalent comme château de cartes les uns sur les autres, déracinés... dans des craquements affreux.... Racines énormes, tordues, menaçantes tendues vers le ciel ... 

    Je réalise soudain qu'ils auraient très bien pu tomber sur la maison... fracassant dans leurs chutes notre cuisine, la salle de bain et notre chambre... dans laquelle dort encore mon mari... Angoisse terrible pour les enfants, les petits enfants... 

    Peur panique que les sapins, accolés  au flanc gauche des dépendances jouxtant la maison, viennent se fracasser, eux aussi, sur les dépendances et maison.... 

    Je cours réveiller mon mari... J'appelle enfants et petits enfants : 

    "Vite, vite, levez-vous, habillez vous chaudement...."

    Toute la maisonnée, vêtue en hâte, se retrouve à la fenêtre de la cuisine et découvre toute l'horreur du mikado géant... La forêt n'est plus que ruine où subsistent encore quelques arbres invaincus, sous un ciel chargé de tristesses lourdes, brouillé par le vent violent et la pluie battante.... 

    Nous courons à la fenêtre du salon et mon mari ouvre le volet roulant donnant sur la route ordinairement très fréquentée par poids lourds, camions et voitures.... Des arbres, des branches d'arbres et quelques poteaux électriques jonchent la route désormais impraticable.... La magnifique forêt en face, sur la montagne est dévastée.... 

    Les fenêtres donnant sur le petit bois au-delà de la dépendance nous rassurent... Les arbres résistent vaillamment ainsi que la ligne électrique qui se trouve au-dessus des cimes régulièrement étêtées par l'EDF... 

    La lumière, brusquement, s'éteint ! C'est le comble ! Est-ce l'ampoule qui claque ? Non, c'est tout l'ensemble électrique qui a sauté... Je me précipite sur les bougies, les allumettes, en profitant d'un peu de clarté, tandis que mon mari va chercher l'antique lampe-à-gaz de camping, dont il ne reste plus que 2 recharges.... Nous n'avons pas encore de lampe à pétrole et c'est bien dommage.... A la lueur vacillante d'une bougie, je récupère toutes les lampes de poche et les distribue à chacun, en leur recommandant de ne point gaspiller les piles.... 

    Les radiateurs ne nous réchauffent plus, désormais inutiles ! Vite transis, nous accumulons les vêtements, les ponchos.... Les vieux châles en laine ressortent des armoires.... ainsi que les chaussettes.... Je délaisse mon magnifique collier en perles d'ambre pour un foulard en soie douce et chaude.... (heu.... c'est pour le mot imposé !)

    Le vent enfle régulièrement dans un grondement assourdissant.... Mon mari referme vite les volets sur le spectacle grandiose, afin d'économiser la chaleur et de protéger les carreaux des débris projetés par le vent.... Bizarre impression de soutenir un siège ! 

    Il faut ruser avec la pénombre trouée de lueurs dérisoires... Les bougies se consument à une vitesse inquiétante.... Mon mari va chercher le stock de bougies en cire d'abeilles destinées aux clients du magasin de miel.... et suspend la lampe à gaz sous le lustre de la cuisine... Elle crachote une vague lueur : il faut économiser le gaz ! 

    Très vite, un froid polaire nous enveloppe ! Le vent s'insinue partout ! Je roule une serviette et la cale sous la porte de la cage d'escalier qui mugit....  Le vent est trop violent, on ne peut se risquer à allumer la cheminée-insert ! Il faudra aller chercher du bois dans la dépendance... car les bûches stockées près de la cheminée seront vite brûlées.... 

    Nous n'avons plus d'eau ! et plus de chasse-d'eau dans les WC.... L'eau de la source, stockée dans la citerne de la dépendance, n'est plus alimentée par la pompe électrique... 

    Nous tenons un conseil de guerre ! La situation est grave ! Nous avons tous des envies urgentes, au réveil .... Les hommes se dévouent : ils descendent chercher des seaux dans la miellerie... Ce ne sont pas les seaux qui manqueront le plus !!! Ouf !

    Et chacun, un seau à chaque main, brave la tempête et la pluie, en bottes,  sous des capes cyclistes, et vont  chercher l'eau à la source de l'étang, située en plein milieu d'une pente descendant sur les rives de l'étang ... Une pente  particulièrement glissante  et boueuse ! L'un descend et remplit les seaux, l'autre, en équilibre instable sur la pente, les réceptionne et les hisse sur le haut.... Ils remplissent ainsi plusieurs seaux en courbant le dos, tant le vent est violent.... 

    Je récupère une vieille bouilloire qui reprend du service sur la gazinière, et regrette terriblement le confort d'une cuisinière à bois, comme celle que nous avions dans notre première maison dans l'Aube... Il faut faire bouillir l'eau glacée de la source avant de pouvoir la consommer sans risque.... Je ressors le vieux chaudron qui servait à stériliser les conserves en pots de verre, et le remplis à ras bord... pour les toilettes et la vaisselle... 

    Les seaux d'eau s'alignent le long du mur du couloir... Je réfléchis vite et installe une poubelle à pédale munie d'un sac poubelle pour les papiers toilettes... Il faudra économiser les seaux d'eau ! Nous sommes écoeurés, mais tant pis.... J'allume une bougie parfumée dans la salle de bain.... 

    Nous avons cinq jours pour écluser le frigo et le petit congélateur, pleins à craquer pour les fêtes.... avant d'entamer les conserves, pâtes et riz, muesli et semoule.... et les féculents.... Nous ne mourrons pas de faim, c'est rassurant ! Je fais l'inventaire, à l'aide d'une lampe de poche... 

    Nous ferons  front à la tempête... Mince alors, c'est Noël ! 

    Un peu groggys, nous nous jetons sur le petit déjeuner... Les brioches s'alignent, les petits pains au lait, le chocolat chaud, le café, les jus de fruits.. les biscottes et l'indispensable nutella.... Nous gardons le précieux pain pour les repas... pendant que capes et bottes sèchent dans l'entrée, en bas... 

    La bouilloire chante... L'eau bout dans le chaudron... Chacun se lave le bout du nez dans la salle de bain parfumée, mais glaciale.... 

    Nous ignorons les recettes compliquées affichées sur mon frigo... Nous déjeunerons plus simplement, je n'ai plus de four ... et autres appareils électriques  ! 

    J'allume le poste combiné radio-cassette et accessoirement transistor : une chance que nous ayons encore des piles ! Les nouvelles s'enchaînent en boucle... et nous accablent... Je le branche sur une radio locale : les vents vosgiens frôlent les 200 kilomètres à l'heure sur un spectacle de désolation...

    Les logiciels de la météo ne pouvaient envisager des vents au-delà de 160 km/h à l'intérieur des terres, car les instruments numériques avaient leurs limites à cette époque.... d'autant plus qu'un phénomène pareil n'était jamais arrivé sur la France... 

    Les dégâts forestiers sont catastrophiques.... Le cours du bois s'effondre.... Des milliers de foyers se retrouvent privés d'électricité et de téléphone... Les arbres s'écroulent sur les pylônes et les câbles qui tombent comme des mouches....  Des toits s'envolent.... Déjà des morts, des blessés... Les routes sont impraticables... Les secours presque impossibles .... 

    Profonde détresse des agriculteurs, privés de trayeuses électriques et qui doivent retrouver les gestes ancestraux de la traite manuelle... avec des vaches déboussolées qui refusent ce traitement inhabituel..., Agriculteurs qui doivent jeter le lait, car les routes impraticables ne permettent plus de l'emporter rapidement, et l'installation électrique de stockage et de conservation du lait ne fonctionne plus.... 

    Les prévisions sont sombres : la tempête risque de durer encore longtemps ! Et les agents de l'EDF sont dans l'impossibilité d'envisager un prompt retour de l'électricité... 

    Nous sommes sonnés ! A l'aube du 21ès ! Sentiment de compassion pour toutes les personnes qui affrontent l'hiver, la tempête et la pluie battante sans toiture, privés de tout.... souvent sans secours avant longtemps ! La solidarité s'organise, mais elle a ses limites.... 

    Un froid polaire nous tombe dessus ! La température des chambres est descendue à 14°... C'est pire dans le grand salon.... 

    Mon mari, mouché, décide d'allumer la cheminée.... Je panique ! Avec ce vent ???

    Pendant qu'il s'escrime avec papier, petit bois .... je propose des tisanes bien chaudes... pour nous réchauffer...  Déjà une bûche est posée sur les fagots enflammés... Il faudra surveiller l'alimentation du foyer jour et nuit.... avec parcimonie, en attendant de pouvoir racheter du bois, quand les routes seront dégagées.... Un halo de lumière éclaire faiblement le salon.... Toute la famille se réunit autour du foyer, pendant que je prépare le repas ...

    Après un instant de flottement, nous nous organisons... Sur la table de la cuisine, une nappe blanche, la belle vaisselle et les verres en cristal, les chandeliers et l'argenterie.... Tant pis pour les économies d'eau... Les Hommes sont d'accord ! Nous avons une chance inouïe d'avoir une source à proximité immédiate.... et disponible à volonté... 

    Les enfants sont très occupés... Je sors les cahiers de coloriages, les feutres, les crayons de couleurs, les crayons et les gommes.... et les disposent sur la table ronde au fond du salon, entourée de chaises... et de bibliothèques déployées le long des murs, pleines à craquer de livres, de livres d'enfants.... et de jeux de société... 

    La plainte lugubre du vent enveloppe la maison.... Les volets fermés en pleine journée enfantent une bizarre atmosphère surréaliste, mais bienveillante.... Les enfants dessinent des châteaux forts entourés d'ennemis redoutables, armés d'épées, de révolvers, de mitrailleuses,  tirant d'antiques canons , des bazoukas sur l'épaule .... C'est la guerre ! 

    Puis, à quatre pattes sur le carrelage glacé, ils sortent le petit château, trouvé dans une braderie, puis tirent d'un gros carton des petits soldats de plomb ou en plastique, des tanks, des jeeps, et autres, rescapés de l'enfance de mon mari. Le petit château s'anime.... 

    Ils ne tardent pas à trouver les cartons de figurines de toutes sortes, des "cadeaux Mac Do" chinés dans les bienheureux vides greniers, cavernes d'Ali Baba pour grands parents, dont certaines figurines énormes, reproductions fidèles de célèbres héros et héroïnes de dessins animés, qui roulent en grinçant affreusement, mues par une clé qu'on remonte.
    Elles  deviennent, par la grâce de l'imagination fertile enfantine, de "redoutables géants machines de guerre".... 
    Ah misère, ils n'oublient pas les indispensables tonneaux de légos de toutes tailles qui, bien vite, forment les remparts, d'immenses fortifications....des maisons habitées.... 

    Grand père, père s'en mêlent...  et  s'activent, organisant avec les enfants une guerre qui prend tout le salon...
    Une idée jaillit de mon cerveau enthousiasmé, réminiscences enfantines : je sors les sacs de billes en verre, dénichés dans les vides greniers,  en guise de projectiles et cours chercher des plaids, cadeaux de la Redoute, des 3 Suisses ou autres,  sur lesquels se couchent ou s'asseyent les hommes et les enfants pour "dégommer" l'ennemi. à l'aide des billes... Hurlements de joie et de rires qui escamotent les mugissements lugubres du vent... 

    Le salon est réquisitionné... aussi impraticable que la route dehors ! La cheminée flambe et ronfle, jetant des lumières vives et des ombres sur les murs. dans la pénombre trouée par les petites lueurs des bougies en cire d'abeilles qui parfument l'atmosphère.. Il fait bon : un petit 18°... La cuisine se réchauffe peu à peu par l'action conjointe de l'eau qui bout en permanence et de la chaleur de la cheminée à côté !

    Je n'ai plus de four électrique.... Le repas est prêt, sans les sempiternelles  pommes noisettes qui font la joie des enfants...remplacées par des chips.... On fait ce qu'on peut ! Nous utilisons tous les ingrédients les plus fragiles qui ne tiendront pas sans électricité... et nous terminons par une glace, qu'il faudra vite terminer avant qu'elle ne s'étale en soupe peu ragoûtante... 

    Les enfants piaffent : la guerre attend au salon... Pendant que les femmes font la vaisselle, les hommes et les enfants retournent à leur jeu et les cris, les rires, les disputes fusent et nous réjouissent.... Grands et petits s'amusent comme des fous....  

    L'hécatombe de soldats et de figurines dans le salon symbolisent curieusement l'état de la forêt au dehors.... 

    C'est un 26 Décembre très spécial qui fera date dans les mémoires ! 

    Le vent semble s'être calmé... Nous relevons les volets pour vérifier... Le ciel est toujours aussi sombre, mais vent et pluie se sont radoucis.... La pluie tourne vite en flocons de neige... qui voltigent en tous sens.... 

    Déjà, le bruit strident des tronçonneuses, côté route... Nous nous précipitons et la fenêtre  nous dévoile un gros camion, la benne remplie de déchets, de verdure, se frayant lentement un passage jusque sous nos fenêtres..... Les employés de l'EDF s'occupent courageusement des câbles électriques qui s'enroulent et se cabrent comme des serpents dangereux en crachant des étincelles....  Toute une armée de bûcherons et de volontaires  tronçonnent, débitent les branches en gros morceaux qu'ils jettent dans la benne... Les enfants fascinés oublient pour un bon moment leur guerre étalée sur le carrelage... Nous devons faire extrêmement attention à ne pas glisser sur les billes dispersées partout.... 

    Le bruit des tronçonneuses est terrible, exaspérant.... Mais bientôt la route est quasi dégagée... Mon gendre, très inquiet pour sa maison à Liffol-le-petit, va aux nouvelles... Peu de routes sont praticables et le temps, même radouci, est exécrable... Tant pis, il décide de partir, laissant femme et enfants chez nous, afin qu'ils puissent bénéficier de la chaleur de la cheminée qu'ils n'ont pas chez eux.... 

    La joie est partie avec lui. Nous sommes très inquiets ! Nous ramassons les restes éparpillés de la guerre, et les enfants reprennent leurs dessins... Il est bientôt l'heure du goûter et la nuit est déjà tombée... 

    Notre gendre reviendra quelques jours plus tard ... Le toit de leur maison est endommagé... Les pompiers ont bâché.... Il s'est battu tout le long du trajet pour repousser les arbres, dégager la route, avec d'autres automobilistes ou des volontaires... sans cesse obligé de faire de longs détours.. Le retour n'a guère été plus praticable... Notre village a mieux résisté... Ailleurs, c'est l'enfer ! 

    Notre gendre est abattu et épuisé... 

    Notre Dernier, sa femme et leur petite fille de 7 mois, tout proches de nous, à l'autre bout du Tholy, sont venus nous rendre visite sans trop de difficultés sur la route partiellement dégagée,  ramenant un peu de gaîté, mais nous sentons bien combien la situation est grave.... 

    Notre fille et nos petits enfants resteront une semaine chez nous, toujours sans électricité... Les corvées de bois, d'eau deviennent une routine... et l'eau bout en permanence sur le gaz ... Une chance qu'on ait toujours une bouteille de gaz d'avance.... 

    C'est fou ce qu'on a pu boire comme tisanes !!! :-))

    Les tronçonneuses rugissent un peu partout, tout autour de nous.... La vie de la maison se concentre autour de la chaleur de la cheminée. Mon mari se relève la nuit pour l'alimenter.... 

    Les infos locales du transistor énoncent les catastrophes. L'ouragan a ruiné des années d'efforts et un équilibre économique fragile ...

    Puis un jour, la fée électricité revient nous visiter... C'est l'explosion de joie ! Un soulagement intense nous saisit... Le monde reprend sa cohérence... même si à l'extérieur, c'est le chaos total.... 

    Le 26, Lothar nous a particulièrement gâté avec ses vents frôlant les 200 kms/h. Une deuxième vague de vents violents a touché la France le 27 décembre dont je ne me souviens pas ? avec plus de violence encore....

     

     

    Ces ouragans ont tué plus de 90 personnes, rasé à 6% la surface boisée française et couché des centaines de pylônes électriques.

    En Lorraine, 7 années de récolte d'arbres sont bousculées, soit 20 millions de mètres cubes qui n'ont jamais retrouver leur niveau d'avant 1999.

    3500 foyers se sont retrouvés privés d'électricité pendant, pour certains, plus de 3 semaines. 

    Des millions de câbles suspendus à des pylônes vulnérables sont touchés... 

     

    Nous nous en sommes bien sortis.... Pas même une seule ardoise d'envolée, les dépendances sont intactes.... Notre petit bois près des dépendances a vaillamment résisté...  et nous n'avons manqué de rien, hormis..... la fée électricité ! 

    Luciole

    Tempête sur le Lac de Gérardmer, à 8 km de chez nous

     

     

     

     

    Une vidéo très longue, mais qui retrace fort bien le déroulement complet de cette tempête

     

     

     

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  • Commentaires

    13
    Jeudi 15 Octobre 2020 à 19:21
    DDD59

    ET bien bravo, tu as géré cette tempête comme une cheffe et il semble que personne n'en ait vraiment souffert, c'était même l'occasion de vous retrouver tous ensemble. Tu nous a formidablement bien raconté vos mésaventures. Cela me fait penser à un livre que j'ai lu de Clémentine Célarié : On s'aimera. Ce livre raconte l'histoire d'une famille engluée dans sa richesse matérielle, smartphone, écrans divers et autres symboles du progrès de la technologie et se retrouve soudain bloquée dans sa luxueuse maison par une violente tempête de neige ... 

    Bisous, bisous wink2

    12
    Eglantine Lilas
    Lundi 5 Octobre 2020 à 11:24
    Eglantine Lilas

    ça doit être à peu près ce qu'Alex vient de faire dans les alpes maritimes !!!!!

    bises

    11
    Mardi 29 Septembre 2020 à 22:22

    J'imagine la nuit  de peur  ! Ces tempêtes sont impressionnantes d'autant plus qu'on e peut rien faire contre les éléments déchaînés. Vous vous en êtes bien sortis heureusement.

    Cela fait de bons souvenirs par la suite! Bise

     

    10
    Mardi 29 Septembre 2020 à 17:45

    Oh oui cette tempête du siècle a fait bien des dégâts et nombreux ont été ceux privés d'électricité pendant plusieurs jours ! On te suit dans le souvenir de ces jours terribles où vous avez eu malgré tout de la chance et surtout vous avez fait face. bises et merci de ce partage

    9
    Lundi 28 Septembre 2020 à 21:52
    colettedc

    Oh ! Mais, quelle tempête, hein , Luciole. Je me souviens, tu en as déjà fait mention mais pas avec autant de détails qu'en ce jour ! Avec ce souvenir, tu avais tout ce qu'il faut pour relever le défi ! Merci aussi pour les vidéos ! 

    Douce soirée,

    Gros bisous

    8
    Lundi 28 Septembre 2020 à 21:06
    daniel

    On se sent tout petit face aux éléments déchaînés. Je me souviens de cette fameuse tempête !! Que de frayeurs vous avez du avoir !

    7
    Lundi 28 Septembre 2020 à 19:35

    je m'en souviens bien. Nous étions à Toul chez mes beaux parents et le toit d'en face se soulevait comme un vulgaire toit en carton .... Mes beaux parents ont eu de la chance. Nous aussi pour notre maison. 

    Quand nous allions dans les Vosges, les arbres avaient réunis et étaient arrosés sans arrêt.

    J'espère que cela ne recommencera pas comme ça. Bises 

    6
    Lundi 28 Septembre 2020 à 13:00

    Bonjour Luciole. Comme le tout a dû être stressant. Tu as une façon de nous raconter le tout avec passion et "flamme".  Merci

    5
    Lundi 28 Septembre 2020 à 12:14

    Je me souviens de cette tempête nommée Lothar, j'ai avalé de travers le repas de Noël car les vitres tremblaient tandis que nous déjeunions, , cela m'a rappelé les cyclones essuyés en Guadeloupe, je déteste le vent comme tous les iliens là-bas.

    Ton récit de tempête est magnifiquement raconté, félicitations.

    Gros bisous

    4
    Lundi 28 Septembre 2020 à 10:09

    Lothar a été particulièrement violent en effet en Lorraine, je m'en souviens tres bien aussi ma fille devait prendre le train le 26 et sur le chemin qui mène à la gare de nombreux arbres étaient couchés . En arrivant devant la gare j'ai vu que la verrière s'était effondrée , nous avons du faire demi tour  car les trains avaient été annulés . Je viens de m'apercevoir que tu habitais pas loin du lieu de résidence de ma petite tribu ( St Etienne les Remiremont ) , je pense même être passée devant  ta maison .

    En tout cas bravo pour ton texte qui nous montre bien  la force de cette tempête et comment vous avez fait face de manière tres organisée .

    Bonne journée 

    Bises 

    3
    Lundi 28 Septembre 2020 à 08:49

    Qui ne se souvient pas de ce lendemain de Noël 1999. Nous étions en région parisienne à cette époque là, et ce fut ubuesque pour circuler sur les routes et regagner notre maison dans les Yvelines, qui fort heureusement n'avait trop souffert, contrairement à celles de certains voisins.

    Bises et bon début de semaine ma Luciolle

    2
    Lundi 28 Septembre 2020 à 06:28

    Je me souviens de cette tempête. Nous revenions le 26 décembre de chez ma soeur dans le Sud. Au fur et à mesure  de notre retour en Lorraine, nous pouvions apercevoir les dégâts laissés par cette tempête et surtout  écouter le silence terrible en traversant les forêts par l'autoroute à partir des Vosges et dans la Meuse...les oiseaux avaient disparu...Je n'oublierai jamais!

    Bises du jour

    Mireille du sablon

    1
    Lundi 28 Septembre 2020 à 06:05

    Une mésaventure très bien racontée. Je me rappelle de cette tempête de fin de siècle. Ce sont tous mes hauts thuyas qui s'étaient déracinés et que j'ai retrouvé couchés dans le jardin. Pas de coupure d'électricité par contre mais beaucoup de travail pour évacuer les thuyas via la maison qui était mitoyenne des deux côtés et qu'on ne pouvait pas évacuer côté jardin. Belle semaine et bisous

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